REPORTAGE VIDÉO. Immersion au cœur du Norseman, dans les conditions extrêmes du triathlon le plus dur du monde en Norvège

Le Savoyard Guillaume Pochon, triathlète amateur, a bouclé cet été en moins de 13 heures le "Norseman", une course de l'extrême en Norvège, accompagné de sa femme et de ses deux enfants. France 3 Alpes les a suivis dans cette aventure sportive et familiale.

Elle se présente comme étant la course la plus dure du monde : le "Norseman", un triathlon de l’extrême qui a lieu en Norvège début août. 3,8 km de nage matinale dans l'eau fraîche des fjords, 180 km de vélo dignes d'une étape du Tour de France et un marathon sous forme de trail en montagne, le tout à boucler en une journée. Et pour y participer, il faut être tiré au sort. 5 000 candidats pour 300 places. Une chance sur 15, à peine.

Un hasard extraordinaire

Guillaume Pochon fait partie de ceux qui aiment se défier et défier le destin aussi. Le "Norseman" était son Graal depuis quelques années. Plusieurs inscriptions au tirage au sort et plusieurs déceptions. 2023 fut l’exception.

Une histoire rocambolesque. Au départ, Guillaume n’a pas été tiré au sort. Il y avait un autre Pochon dans la liste, les organisateurs l'ont appelé par erreur et lui ont donc offert une place : "Il y a un participant qui porte le même nom de famille que moi, et c’est ce participant que les organisateurs voulaient appeler. C’est le destin qui a fait que l’on participe aujourd’hui à cette course. On ne pouvait pas refuser et on n’a pas refusé. C’est une chance unique, tout est réuni pour faire de cette expérience quelque chose d’exceptionnel."

Épopée familiale

Mais cette aventure, hors de question de la vivre seul. Guillaume embarque avec lui, Magali, sa femme, ainsi que Maxime et Axel, ses deux enfants. Et dans la course, ils vont jouer un rôle important, voire primordial : ce sont eux qui vont assurer l'assistance, la logistique et les ravitaillements.

"Cette aventure, on va la vivre à quatre, même si les enfants ne sont pas des supports officiels, ils seront mes supports, confie Magali, ils ne pourront pas lui donner à manger, mais ils pourront l’encourager, le féliciter et ça, ce n’est pas une mince affaire, ça lui fera du bien de voir les petits sur le bord de la route."

La famille Pochon s’est envolée quelques jours avant la course, pour visiter le pays et peaufiner la préparation de la course.

Jour J

Samedi 5 août, cinq heures du matin, Guillaume se jette dans l’eau gelée du fjord de la mer Noire. À ses côtés, 280 triathlètes s’élancent pour 3,8 kilomètres de nage. Les meilleurs nageurs bouclent l’épreuve de natation en à peine une heure. Guillaume, lui, met 20 minutes de plus. À la fin de cette épreuve, il se classe 110ᵉ : "Il fait une place honorable pour la natation, car ce n’est pas son épreuve phare, on verra sur le vélo comment ça va se passer, parce qu'il a des crampes alors qu’il n’en a jamais eues," s'inquiète sa compagne.

Vient alors le vélo. L’épreuve tant attendue. Pour commencer, une rude montée pour rejoindre un plateau à plus de 1 000 mètres d'altitude. Les crampes sont vite oubliées, car Guillaume s'est entraîné.  Il en a avalé des kilomètres ces derniers mois pour se préparer au mieux : "Pas loin de 7 000 km en un an", nous avait-il confié en juin dernier.

"En descente, il va se faire rattraper, mais il rattrapera les autres en montée", nous confie sa fille Maxime. D’autant qu’une pluie battante a fait son apparition lors des derniers kilomètres, contraignant les athlètes à ralentir : "Sur les deux dernières heures, il a commencé à pleuvoir, il y a eu beaucoup de vent, c’était compliqué, c’était dangereux, car on était en descente, mais ça fait partie du Norseman, j’étais presque content qu’on ait ces conditions. Si on avait eu un temps clément tout du long, ça n’aurait pas été le Norseman."

Entrer dans la légende

Au total, Guillaume va passer sept heures sur sa selle, enchainant quatre montées semblables aux cols alpins. 180 kilomètres sur des routes ouvertes à la circulation : 180 kilomètres d'efforts récompensés par un paysage à couper le souffle : "Sur la partie vélo, on a vu des paysages magnifiques, on a vu des lacs, des montagnes, des habitations isolées les unes des autres et on avait presque envie de s’arrêter pour faire une photo. Une nature abondante, mais aussi préservée, c’était merveilleux."

Un mélange de souffrance et de beauté qui rend cette course si légendaire : "On aurait bien aimé copier les triathlons les plus célèbres à l’étranger, un terrain plat, des eaux chaudes et un climat clément, mais ça n’existe pas en Norvège, alors j’ai décidé de faire exactement le contraire. J’ai essayé de faire une course qui ressemble plus à un voyage, à une expédition, en utilisant notre belle nature," nous dit Hårek Stranheim, le créateur du triathlon "Norseman".

Les gens viennent du monde entier pour participer à ce mythe qui incite les triathlètes à se surpasser : "Quand on se prend des cordes de pluie, avec du vent, avec du froid, et au vélo notamment, pour ne pas abandonner, pour continuer, on se dit qu’on a la chance de participer à une course légendaire, il y a beaucoup de monde qui voudrait y participer, on se dit qu’on a de la chance d’avoir été tiré au sort."

Coup de tonnerre

À la fin des 180 km de vélo, Guillaume a réussi à grappiller quelques places et se classe 76ᵉ. Commence alors l'ultime épreuve et de loin sa favorite : la course à pied. L’arrivée des 42,195 km du marathon est prévue à 1 800 mètres d’altitude, au sommet de la montagne Gaustatoppen où seuls les 160 premiers peuvent accéder, accompagnés de leur assistance. Un rêve pour l'athlète et sa famille.

Mais un gros orage menace la course, les organisateurs décident alors d’annuler cette dernière partie. Dans la famille Pochon, l’excitation laisse soudain place à la déception : "Les enfants ont pleuré, déplore Magali. Ça fait 10 mois qu’on en parle, 10 mois qu’on se prépare, 10 mois que l’on se dit que l’on va tout faire pour y arriver, et au final c'est annulé."

Mais pour Guillaume, il faut repartir, se concentrer et surtout ne pas lâcher, car devant lui se dresse la tant redoutée Zombie Hill, une montée de 10 kilomètres à 9 %. La plupart, pour ne pas dire tous, l'attaquent en marchant, sauf quelques-uns… dont Guillaume. "J’ai réussi à la faire en courant, donc j’ai rattrapé pas mal de monde, Axel, mon fils, a couru avec moi quelques kilomètres, donc ça, c’est un moment de bonheur inoubliable. Et puis il y a les supporters au bord de la route qui nous encourage, même quand on n’en peut plus, que l’on est au bout du bout, quand on est encouragés comme ça, ça nous donne toute la force nécessaire pour aller jusqu’au bout."

Guillaume passera la ligne d’arrivée accompagné de sa famille et terminera 46ᵉ sur 300 participants. Une performance extraordinaire : "Depuis que je fais du triathlon, c’est quelque chose qui me fait rêver, on regardait des vidéos sur internet, dans des magazines de sport, ça paraissait tellement inaccessible il y a encore quelques années et aujourd’hui, on y est et on a réussi", conclut celui qui a donné le sentiment à sa famille d’être un peu entrée dans la légende. 

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