Un chasseur suisse va être jugé ce jeudi à Chambéry pour avoir abattu quatre ânes en septembre 2017, lors d'une partie de chasse. Il s'était défendu en affirmant qu'il croyait se trouver face à des biches.
C'est un drame qui avait ému tout le département de la Savoie en septembre dernier, bien au-delà des seuls propriétaires d'animaux d'élevage. Une éleveuse d'ânes de randonnée basée à Arith, avait fait une terrible découverte le 17 septembre 2017, en apprenant que la quasi totalité de son élevage d'ânes avait été abattu par un chasseur.
Fanfan, Ulule, Moustique, Mistral ont été massacrés par un chasseur suisse.
L'homme, un Suisse venu participer avec son frère à une partie de chasse dans les Bauges, était sorti d'un sous-bois et s'était mis à tirer à plusieurs reprises sur les équidés.
Un véritable carnage, puisque sur les cinq bêtes, deux étaient mortes sur le coup et deux autres avaient dû être euthanasiées par la suite. L'homme, qui avait franchi les limites de la propritété privée sur laquelle se trouvaient les ânes, avait assuré avoir confondu les animaux domestiqués avec des biches sauvages.
Il sera jugé ce jeudi au tribunal correctionnel de Chambéry pour "cruauté envers un animal domestique" et "non-identification de sa cible".
Pour l'avocate de l'éleveuse Me Kabsch, il est impossible que le chasseur ait confondu les ânes avec des biches sauvages. Elle se base sur un rapport de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, (ONCFS) versé au dossier qui est, selon elle, "accablant" pour le chasseur.
Le rapport évoque notamment l'expérience du chasseur, qui avait déjà tiré sur des biches auparavant et qui connaissait donc les caractéristiques sauvages de ce gibier, à savoir "la robe marron unie".
Onze douilles retrouvées
Me Kabsch, qui reprend les éléments de ce rapport, explique que les équidés ne pouvaient être confondus avec les animaux sauvages, du fait de leurs couleurs différentes. L'avocate poursuit que des animaux sauvages se seraient enfuis immédiatement alors que les ânes de randonnée, domestiqués et habitués à la présence d'humains, sont restés sur place lorsque le chasseur a commencé à tirer.
Onze douilles avaient été retrouvées par les gendarmes, à une distance de 55 mètres, ce qui implique qu'il y a eu "deux manoeuvres de rechargement", toujours d'après l'avocate.
La fédération des chasseurs de Savoie, qui compte environ 8000 membres, avait fermement condamné cet "acte incompréhensible et inexplicable". Elle se portera ce jeudi partie civile contre le chasseur.
Un rassemblement solidaire avait eu lieu quelques jours après devant la mairie d'Arith et avait rassemblé près de 200 personnes.