Savoie : une école "démocratique" menacée de fermeture par l’inspection académique

En Savoie, l'école Ma Voie entame sa deuxième année d’ouverture et accueille une trentaine d'élèves âgés de 6 à 15 ans. L’enseignement y est libre, basé sur la volonté des élèves qui choisissent ce qu’ils veulent apprendre. Mais le concept n’est pas du goût de l’Académie de Grenoble.

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A l'école démocratique Ma Voie, l’avis des enfants compte autant que celui des enseignants. Dans cet établissement situé à Ayn, en Savoie, chaque élève, âgé de 6 à 15 ans, peut prendre la parole en assemblée.

L’école prône l’apprentissage libre et autonome. En classe, pas de notes, de niveaux d’âges, ni de devoirs : ce sont les élèves qui sont acteurs de leur formation. "La vocation de cette école est d’encourager les enfants à suivre leur curiosité naturelle et leur motivation intrinsèque à leur rythme afin d’explorer au quotidien leurs champs d’intérêt et leurs passions" explique la direction sur le site internet de l’établissement.

On apprend la même chose mais à notre rythme

Aslan, scolarisée à l'école Ma Voie

"Ici, ils ne vont pas te rabaisser ou te critiquer. Ils vont être là avec toi pour te donner un coup de main" témoigne Inaya, une élève. "On apprend la même chose mais à notre rythme, renchérit Aslan. Au collège, comme on avait plein de devoirs, je les faisais généralement le soir, la nuit, et je ne dormais presque pas. Et le lendemain c’était hyper difficile pour moi d’apprendre car j’étais hyper fatiguée". 

Quatre matins par semaine, pendant 1h30, les élèves suivent tout de même des travaux dirigés en français, mathématiques, sciences, anglais et histoire-géographie. Puis à 13 heures, ils se réunissent pour le conseil d’école, afin d’élaborer les règles de fonctionnement et de résoudre les problèmes rencontrés.

Dans le viseur de l'inspection académique 

Ce programme ne convainc pas l’Académie de Grenoble. Comme le prévoit la législation française, l’école a été contrôlée par l’inspection académique un mois après son ouverture, en octobre 2021. Des ajustements pédagogiques ont été demandés, et l’établissement a instauré les travaux dirigés du matin.

Mais ces changements n’ont pas été jugés satisfaisants par l’inspection académique, qui a engagé une procédure de fermeture de l’école après un second contrôle en mai 2022. Chez les parents d’élèves, comme Blaise Dupuy, cette décision a suscité un sentiment d’injustice : "Je n’ai pas le sentiment qu’il y avait une impartialité dans les contrôles qui ont été faits, explique le père de famille. Je ne mets personne en cause, je dis juste qu’il y a eu peut-être un dysfonctionnement dans la procédure administrative ou dans le temps qui a été fait pour l’étude de ce cas de figure".

Contactée, l'Académie de Grenoble n'a pas voulu s'exprimer sur ce dossier en particulier. Elle explique toutefois que les établissements privés hors contrat doivent se soumettre à des obligations pédagogiques.

Ces derniers ne sont pas obligés de suivre les programmes ni les horaires de l'enseignement public, mais doivent impérativement respecter le droit de l'enfant à l'éducation. En France c'est en effet l'instruction et non pas la scolarisation qui est obligatoire. Ainsi, ils doivent s’assurer que chaque élève acquière le fameux "socle commun de connaissances, compétences et culture".

 

Au total, l'Académie de Grenoble compte 113 établissements privés hors-contrat sur son territoire. Ces 5 dernières années, 3 d’entre eux ont dû fermer leurs portes.

Les représentants de l’école Ma voie devraient être reçus en Préfecture prochainement pour plaider leur cause.

 

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