Tensions entre les détenus, cellules surpeuplées : en Auvergne-Rhône-Alpes, les prisons sont saturées

Le nombre de détenus atteint un niveau historique en France. En Auvergne-Rhône-Alpes, certaines maisons d'arrêt comptent plus de personnes incarcérées que de places de détention, avec une surpopulation carcérale atteignant jusqu'à 197%.

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Le nombre de détenus atteint un niveau record en France. Avec 72 809 personnes derrière les barreaux pour 60 698 places opérationnelles au 1er novembre, la densité carcérale s'établit à 120 % dans les établissements pénitentiaires du pays.

Depuis le précédent record, datant de mars 2020, les statistiques sont remontées régulièrement jusqu'à atteindre ce plus haut niveau historique. Avec une densité carcérale similaire à la moyenne nationale, Auvergne-Rhône-Alpes est la troisième région la plus touchée.

On y compte quelque 7 123 détenus pour 5 938 places opérationnelles, mais certains établissements affichent une surpopulation bien plus élevée. C'est le cas du centre pénitentiaire Grenoble-Varces, régulièrement pointé du doigt pour sa vétusté, qui affiche un taux d'occupation de 164 % pour son quartier maison d'arrêt où sont incarcérés les prévenus et les condamnés à de courtes peines. Un taux qui atteint 181 % pour la maison d'arrêt de Saint-Quentin-Fallavier (Isère), 186 % à Bonneville (Haute-Savoie) mais aussi 197 % à Chambéry (Savoie), selon des chiffres datant du 25 novembre.

Plus d'un quart de prévenus

Dans cette maison d'arrêt de 63 places, la plus petite des Alpes du nord, la surpopulation carcérale est un problème récurrent. Le nombre de détenus a été jusqu'à plus de deux fois supérieur à la capacité de l'établissement. "Cela crée des tensions entre les détenus parce qu'ils sont jusqu'à trois par cellule", explique Thierry Gidon, délégué syndical FO à la maison d'arrêt de Chambéry.

La surpopulation carcérale demande "une gymnastique au quotidien" aux agents de l'établissement. Chaque semaine, des transferts de détenus sont organisés par la direction de l'administration pénitentiaire afin de désencombrer la maison d'arrêt. Mais un grand nombre de détenus, en détention provisoire, ne peuvent pas être transférés. En Auvergne-Rhône-Alpes, plus d'un quart des personnes incarcérées (26 %) sont des prévenus, c'est-à-dire dans l'attente d'un jugement ou n'ayant pas encore été définitivement condamnées.

"On pourrait construire des places supplémentaires, mais cela nécessiterait un budget considérable", regrette Thierry Gidon, alors que de nombreux équipements seraient déjà à remplacer à la maison d'arrêt de Chambéry. "La relation humaine que l'on entretient avec les détenus fait que ça n'explose pas, mais on est sur un fil", abonde le surveillant, selon qui les agressions sont rares.

La surpopulation carcérale avait valu à la France une condamnation de la Cour européenne des droits de l'homme en janvier 2020. Dans son arrêt, la juridiction internationale demandait à la France d'offrir un véritable recours aux détenus qui en souffrent, sans toutefois lui intimer d'agir.

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