Coup de tonnerre au procès Agnelet : en visioconférence depuis Chambéry, le fils accuse le père

"Ce témoignage va sceller la rupture avec ma famille": pour éviter des "regrets jusqu'à la fin de sa vie", Guillaume Agnelet a accusé ce lundi 7 avril son père Maurice d'avoir tué sa maîtresse Agnès Le Roux, lors d'une visioconférence depuis Chambéry, à la cour d'assises d'Ille-et-Vilaine.

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La cour a aussitôt après ordonné le mandat de dépôt à l'encontre de l'ancien avocat, âgé de 76 ans, en raison de "risques de fuite ou de pressions". Peu avant 11H30, depuis Chambéry, Guillaume Agnelet, 45 ans, est apparu sur l'écran de visioconférence dans la salle d'assises, chemise bleue foncée, cheveux courts, la voix grave et la gorge nouée. 

"Ma mère m'a dit: +je vais te dire qui est ton père+. Ils (Maurice Agnelet et Agnès Le Roux, ndlr) sont allés faire du camping dans un coin tranquille près de Monte Cassino (ndlr, en Italie). Il aurait, pendant son sommeil, tiré sur Agnès puis hurlé pour demander du secours", a notamment déclaré le fils de l'accusé. "Pourquoi maintenant?" ces révélations, a demandé le président. "Je n'allais pas bien depuis que j'avais 16 ans. Si je ne faisais pas ça maintenant, j'aurais eu des regrets jusqu'à la fin de ma vie", a répondu le témoin, tout en assurant ne pas avoir témoigné plus tôt "pour le bien de la famille".

Dans un premier temps, Maurice Agnelet aurait dit à son fils qu'il savait où se trouvait le corps d'Agnès, lorsque Guillaume avait 16 ans, dans les années 1980. Quelques années après, sa mère, Anne Litas, lui a fait d'autres confidences. "J'étais étudiant. Elle me dit: +assieds-toi, je vais te parler de ton père+. Il me semble bien que ça a commencé par: +ton père a tué Agnès+. Elle dit le tenir directement de lui", raconte-t-il.

Enfin, dans un troisième temps, Maurice Agnelet se confie à son fils, selon la confession de celui-ci: "Il dit +il faudrait pas qu'ils retrouvent le corps+. J'ai commencé à avoir le coeur qui bat et à me demander si je n'étais pas dans un cauchemar". Interrogé sur la nature de son père, Guillaume Agnelet répond: "en un mot, perverse". Guillaume Agnelet s'était manifesté dimanche auprès du parquet général de Chambéry. Il sera entendu de nouveau à Rennes mercredi à la demande de la cour.

 Agnès Le Roux aurait été tuée d'une "balle dans la tête" 

Réagissant à la situation créée par les révélations de Guillaume Agnelet, l'avocat de Maurice Agnelet, Me François Saint-Pierre, a simplement déclaré à la presse: "c'est un coup de théâtre ou plutôt une tragédie qui s'ouvre. C'est une situation tendue qui s'est installée dans cette cour d'assises. Nous allons entendre la mère de Guillaume et Thomas Agnelet, il nous faut attendre sa déposition".

Seul, Thomas était cité comme témoin par la défense. Guillaume a déclaré lundi que "la défense ne (l'a) pas cité car elle savait quelle serait (sa) position". La mère des deux fils de Maurice Agnelet, n'a pas pu être jointe lundi par la cour.

Agnès Le Roux aurait été tuée d'une balle dans la tête, mais Guillaume n'en est pas certain. "Je ne peux pas être affirmatif que c'était dans la tête (le tir mortel, ndlr)", a-t-il déclaré. Selon la confession de Guillaume Agnelet, son père aurait "parcouru quelques centaines de mètres pour déposer le corps d'Agnès en contrebas de la route, dénudé et à même le sol".

Rappel des faits

Maurice Agnelet est jugé pour la troisième fois dans l'affaire de la disparition d'Agnès Le Roux. La riche héritière d'un casino niçois, le Palais de la Méditerranée, avait mystérieusement disparu lors du week-end de la Toussaint, en 1977. Depuis cette date, personne n'a revu la jeune femme âgée alors de 29 ans, ni son véhicule.

Sa disparition intervenait quelques mois après qu'elle eut vendu ses parts dans le Palais de la Méditerranée au patron du casino concurrent, Jean-Dominique Fratoni, pour 3 millions de francs. La somme, d'abord versée sur un compte commun aux deux amants, à Genève, s'est retrouvée après la disparition d'Agnès sur un compte au seul nom d'Agnelet.

Les deux frères ont été confrontés à l'audience lundi et Thomas a affirmé: "je ne sais rien sur les faits", allant jusqu'à qualifier son frère de "schizophrène". "Je tombe des nues je suis abasourdi. On est dans un film de Gabin où la famille règle ses comptes à la barre", a-t-il dit. D'abord bénéficiaire d'un non-lieu en 1985, puis acquitté en 2006, Maurice Agnelet, un ancien avocat, a été condamné en appel à 20 ans de prison en 2007, avant que la Cour européenne des droits de l'Homme estime début 2013 que ce procès n'était pas équitable.

Le verdict du procès, selon le programme établi à ce jour, devait être prononcé le vendredi 11 avril.

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