Les skieurs de l'équipe de France de vitesse feront leur début en coupe du monde ce weekend à Lake Louise au Canada. Un début de saison en forme d'adieux à leur copain David Poisson qui s'est tué à l'entrainement le 13 novembre dernier.
Les premières épreuves de vitesse de la saison samedi et dimanche à Lake Louise permettront à la famille du ski de faire ses adieux à l'un des siens, le Français David Poisson, décédé le 13 novembre 2017 à l'entraînement.
A moins de trois mois des jeux Olympiques 2018 de Pyeongchang (9-25 février), les meilleurs descendeurs de la planète ont encore du mal à se concentrer sur l'échéance majeure de leur saison, de leur carrière pour certains. Et pour cause: ils sont encore sous le choc de la mort brutale de David Poisson, l'un de ces "homme-fusées" qui déboulent à plus de 100 km/h, skis au pied, sur les pentes les plus raides et glacées.
Le Français, l'un des descendeurs les plus expérimentés du circuit, a trouvé la mort à 35 ans lors d'un entraînement, non loin de Lake Louise, à Nakiska.
Le médaillé de bronze de la descente des Mondiaux-2013 de Schladming (Autriche), surnommé affectueusement "Kaillou", a perdu un ski dans une courbe, traversé des filets de sécurité et percuté un arbre.
Le corps de David Poisson rapatrié en France
Si les résultats de l'enquête de la police canadienne, conclue en début de semaine, ne sont pas encore connus, le rapatriement de la dépouille de David Poisson vers la France a débuté jeudi.
Sa disparition a durement éprouvé ses coéquipiers de l'équipe de France qui lui ont rendu hommage sur les réseaux sociaux, avant de se murer dans le silence pour tenter d'accepter l'inacceptable. "Tu étais plus qu'un pote, qu'un coéquipier (...) tu étais vraiment un exemple pour nous tous", a ainsi écrit Adrien Théaux au lendemain de sa mort.
Les stars de la discipline ont également fait part de leurs émotions. "Ce n'a pas été facile de se motiver pour aller skier aujourd'hui, nous avons tous perdu quelqu'un d'important dans notre famille", avait avoué l'Italien Peter Fill, au lendemain de l'accident, en légende d'une photo montrant les équipes italienne, américaine, norvégienne, allemande et finlandaise réunies pour se souvenir de David Poisson.
Les Bleus ne se sont pas sentis dans un premier temps la force de participer au rendez-vous de Lake Louise, mais après des échanges avec des psychologues et un message de la mère de leur camarade, ils ont rallié Lake Louise. Depuis leur arrivée dans la station des Rocheuses canadiennes, ils ne sont plus seuls dans leur chagrin: les autres équipes nationales et la population de Lake Louise leur apportent leur soutien.
Ce mercredi après-midi, skieurs, entraîneurs et techniciens de toutes les nations se sont réunis sur les bords du Lake Louise, autour d'un feu et une photo de David Poisson, pour lui rendre hommage. Les dossards pour les deux courses du week-end ont été redessinés: le prénom David y apparaît désormais en lettres bleu-blanc-rouge avec en guise de V un coeur, le tout surmonté d'un ruban noir.
Exorciser les peurs et libérer la colère
La météo, maussade jusque-là, n'aide pas vraiment à tourner la page : les deux premiers entraînements officiels ont été annulés en raison de chutes de neige pour le premier, de la pluie et du radoucissement pour le deuxième. Il reste un troisième et dernier entraînement ce vendredi aux skieurs pour trouver leurs repères sur la piste "Men's Olympic", exorciser leurs peurs ou libérer leur colère avant la première descente de l'hiver samedi et un super-G dimanche.
Avec le fol espoir, côté français, de rendre le plus bel hommage à leur coéquipier avec un podium ou une victoire alors que l'autre évènement, samedi, c'est le retour d'Aksel Lund Svindal. Après presque un an d'absence, le spécialiste norvégien de la vitesse entend bien concurrencer d'entrée le Suisse Beat Feuz, champion du monde de la spécialité, ou l'Autrichien Matthias Mayer, champion olympique en titre.
A près de 8.000 km de Lake Louise, en attendant les obsèques de Poisson dans l'intimité familiale à une date encore à fixer, un autre hommage sera organisé dimanche, au refuge de Rosuel, en Savoie: un cairn géant sera édifié avec des cailloux amenés par des proches et des anonymes, en hommage à "Kaillou".