Le Suisse Marco Odermatt a officiellement remporté ce mercredi 16 mars à Courchevel le classement général de la Coupe du monde de ski alpin pour la première fois de sa carrière. Il succède au Savoyard Alexis Pinturault.
A 24 ans, sacré champion olympique de slalom géant en Chine le mois dernier, Marco Odermatt rapporte à la Suisse son premier gros globe masculin depuis Carlo Janka en 2010.
Dans un pays où le ski est un sport majeur, Marco Odermatt a rapidement atteint un statut de star et gagné énormément d'argent à coups d'exploits sur les courses les plus renommées du monde.
Pourtant, il habite encore dans une colocation au prix modeste avec un ami, comme on peut l'imaginer d'un jeune homme de 24 ans. "Odi" a quand même décidé d'emménager seul au printemps, mais il restera dans le Nidwald, ce petit canton de Suisse centrale qu'il chérit depuis sa naissance le 8 octobre 1997.
Environ 43.000 habitants, des prairies verdoyantes, quelques sommets enneigés, les eaux douces du lac des Quatre Cantons qui bordent sa petite ville de Buochs, le coin invite à la tranquillité. C'est le trait de caractère qui transpire du skieur, tête blonde, sourire accroché aux lèvres, aux allures de petit garçon poli et bien élevé malgré son mètre 83.
La sérénité, un atout utile, quand on passe ses semaines à découper les pentes les plus dangereuses du monde skis aux pieds, sans avoir pour soi l'expérience des trentenaires, qui connaissent chaque centimètre carré des pistes de Coupe du monde.
"La force de Marco, raconte sa petite soeur Alina au quotidien suisse Le Temps, c'est vraiment de ne pas se poser trop de questions, de ne pas se laisser perturber par ce qui pourrait arriver si ceci ou si cela. Il va de l'avant, tout simplement."
"Toucher de neige"
Près de chez lui, Odermatt trouve tout ce qu'il faut pour assouvir sa passion pour le ski et progresser vers le haut niveau. Son papa, avec deux amis, a structuré le club de ski local qui offre une émulation unique chez les jeunes et des exemples à suivre pour le petit Marco, avec notamment ses aînés Andrea Ellenberger et Reto Schmidiger, futurs membres de l'équipe nationale suisse.
Il poursuit son ascension au sport-étude d'Engelberg à quelques kilomètres, n'a pas besoin de se déraciner trop jeune pour trouver les bonnes structures. Rapidement identifié comme un talent pur, il explose aux Mondiaux junior de Davos en 2018 lorsqu'il empoche quatre titres. La saison suivante, il signe ses premiers podiums sur le circuit mondial.
Avec les attentes viennent aussi les premières déceptions. Aux Mondiaux de Cortina d'Ampezzo début 2021, le prodige signe une encourageante quatrième place en descente mais repart sans médaille et sort dès la première manche du géant, avant de connaître une fin de saison cruelle, où l'annulation de deux courses à cause de la météo l'empêche de défendre ses chances jusqu'au bout face au Français Alexis Pinturault.
Le skieur surmonte vite ces premières embûches, et s'appuie sur la force du collectif helvète, où il compte de bons amis (Justin Murisier, Loïc Meillard...), alors que la mode pour les cadors polyvalents est à la structure privée et millimétrée. Les résultats reviennent dès l'automne 2021, où il est encore plus fort, et éblouit avec son "toucher de neige extraordinaire et une science de la course déjà très grande", selon les mots de l'entraîneur français Frédéric Perrin.
"Ce qu'il fait magnifiquement bien maintenant, c'est qu'il a son équilibre complètement sous contrôle. Que ce soit la balance avant-arrière ou latérale, on a l'impression qu'il ne peut jamais rien lui arriver", résumait l'an dernier la légende suisse de la descente Didier Cuche, l'une des idoles d'Odermatt.