L'émeute qui a éclaté dimanche 16 octobre dans la prison d'Aiton n'a fait qu'un seul blessé, mais une cinquantaine de cellules ont été détruites. Aujourd'hui, alors que huit détenus sont transférés ailleurs, les gardiens de prison sont encore sous le choc.
L'émeute est terminée, mais les gardiens de prison ne décolèrent pas. Dimanche 16 octobre, plusieurs incendies ont éclaté dans le centre pénitentiaire d'Aiton, en Savoie. La mutinerie a blessé une personne et détruit de nombreuses cellules.
Dans ce centre pénitentiaire qui compte 200 détenus, les gardiens de prison sont de plus en plus sous pression. L'un d'entre eux, Guillaume Darras, syndicaliste UFAP-UNSA Justice dans la prison, énumère les incidents dont le personnel a été victime: "En une année il nous est arrivé les pires choses. Un surveillant agressé violemment, on a eu la mutinerie liée à Moirans, on a eu des refus de réintégrer les promenades, à deux reprises, et là une nouvelle mutinerie dans une section..."
Interview par Bernard Portugal et Frédéric Pasquette et Jean-Jacques Picca.
Face à cette situation et au climat qui règne dans la prison, le gardien de prison se dit "dégouté, mais on commence à prendre l'habitude." Surtout que cette mutinerie survient un mois jour pour jour après un communiqué des gardiens avertissant leur direction.
C'était clairement prévu.
"On sentait qu'au niveau de la tension il y avait quelque chose de pas normal. Dernièrement ils nous avaient affecté des détenus fichés S qu'on soupçonnait de faire du prosélytisme. L'un des détenus a été placé en isolement. L'autre détenu est resté et, comme par hasard, il se retrouve dans les mutins sur le centre de détention. C'était clairement prévu."
Dans un communiqué publié ce lundi 17 octobre, l'UFAP UNSa Justice déplore "une situation désastreuse" pourtant "prédite à plusieurs reprises ces dernières semaines. Guillaume Darras, quant à lui, demande "comme pour la police, comme pour la gendarmerie des renforts, quels qu'ils soient."
Environ 60 sapeurs-pompiers et 80 agents des ERIS
L'émeute a démarré lorsque 25 détenus de la prison ont provoqué vers 15h30 un incendie en "mettant feu à un matelas" selon le parquet d'Albertville, qui ajoutait hier que "l'incendie s'est propagé à deux ailes du bâtiment". Cinq gardiens se trouvaient à ce moment-là dans le bâtiment. L'un d'eux, réfugié dans un bureau, a dû être secouru par ses collègues protégés par des boucliers.
Une soixantaine de sapeurs-pompiers ont alors été mobilisés pour maîtriser les incendies et "les équipes régionales d'intervention et de sécurité (ERIS) ont repris la main" vers 22 heures, précisait le sous-préfet de permanence. Selon un communiqué du syndicat UFAP UNSa Justice, ces équipes venus de Lyon ont été renforcées par d'autre agents venus de Marseille et de Dijon, soit environ 80 personnes.
Un gardien a été blessé et les dégâts matériels sont considérables puisque 46 cellules sont aujourd'hui hors d'usage, selon le procureur d'Albertville, Jean-Pascal Violet. Huit détenus ont été transférés dans un autre centre de détention Une enquête a été ouverte pour destruction par incendie.