L'utilisation des pesticides en agriculture et les conséquences à long terme sur l'environnement sont encore peu étudiées. Des chercheurs de l'Université Savoie Mont-Blanc observent donc la terre pour savoir où ces polluants sont passés.
Ces chercheurs savoyards utilisent des carottes de sédiments pour reconstituer la mobilité des pesticides sur des parcelles viticoles. Une étude qui démontre déjà que l'érosion des sols et le labour font remonter des résidus d'insecticides pourtant interdits depuis des décennies.
Cette étude basée sur des archives sédimentaires lacustres a même permis de reconstituer la succession des fongicides, insecticides et herbicides utilisés à travers les âges, et ce depuis la "Bouillie Bordelaise", à la fin du 19e siècle. Tout ces produits ont donc laissé des traces.
Reportage Xavier Schmitt et Jean-Pierre Rivet
L'analyse met en évidence un lien entre l'érosion des sols et les pesticides. Par exemple, au début des années 90, la forte augmentation de l'érosion est synchrone avec l'apparition d'herbicides comme le glyphosate, molécule active du Roundup® de Monsanto, très largement utilisé au cours des 20 dernières années afin d'empêcher la croissance d’herbe entre les rangées de vigne. De surcroît, cet herbicide a entraîné la résurgence d'insecticides stockés dans les sols. Les chercheurs ont observé en particulier la ré-émergence du DDT, polluant persistant et très toxique qui avait été interdit en 1972 en France.
Cette étude démontre ainsi l'importance et la nécessité de prendre en compte les effets à long terme des pesticides afin de mieux évaluer les risques éco-toxicologiques liés à leurs utilisations, en particulier dans des conditions changements environnementaux.