Quatre hommes, membres présumés d'une importante filière jihadiste au départ d'Albertville (Savoie), répondent cette semaine d'"association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" (AMT) devant le tribunal correctionnel de Paris.
Christian Bouvier (29 ans), Mohamed Benseghir (28 ans), Oualid Jebali (31 ans) et Majoub Ettabaai (26 ans) sont jugés depuis mardi et jusqu'à vendredi pour avoir séjourné en Syrie en 2014.
Les trois premiers sont soupçonnés d'avoir participé à des entraînements et des patrouilles armées du groupe Etat islamique.
Le dernier, en plus d'organiser le soutien de certains jihadistes "sur zone", aurait lui projeté de regagner la Syrie au moment de son interpellation en novembre 2014.
MM. Jebali et Ettabaai, qui ont chacun un frère se trouvant dans la zone contrôlée par l'EI, sont détenus. Les deux autres comparaissent libres, sous contrôle judiciaire.
Ils étaient pour certains partis avec femmes et enfants. Les trois premiers ont été interpellés par les services secrets turcs en mars 2014 à bord d'un car, alors que selon les enquêteurs ils venaient de quitter un camp d'entraînement de l'EI et voulaient en rejoindre un autre.
Le quatrième, qui nie avoir séjourné en Syrie, a lui été repéré dans la suite de l'enquête, qui a mis au jour toute une filière d'acheminement depuis Albertville.
En France, les quatre hommes ont été interpellés le 4 novembre 2014.
Les enquêteurs ont identifiés six autres hommes et une femme originaires d'Albertville, restés en Syrie. Ils font l'objet d'un mandat d'arrêt et d'une mise en accusation, ce qui signifient qu'ils seraient jugés aux assises et non au tribunal correctionnel en cas de retour en France.
La justice fait désormais une distinction entre les jihadistes revenus en France avant janvier 2015, et ceux qui sont partis pour la Syrie, ou qui y sont restés après les attentats de Paris, considérant que ces derniers "adhèrent nécessairement"aux objectifs de l'EI et sont donc passibles des assises.
Parmi ces Savoyards restés auprès de l'EI, les frères Jebali et Ettabaai, ainsi qu'un certain Hicham Berrached. Ce dernier, désigné par un prévenu comme l'"émir", le chef de la filière, serait mort en Syrie à l'été 2014.
Hicham Berrached avait été condamné en 2011 par le tribunal correctionnel de Paris à 3 ans de prison dont 18 mois avec sursis mise à l'épreuve pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme" , pour avoir financé le jihad en Afghanistan.
Environ 700 Français se trouvent actuellement en Irak et en Syrie aux côtés du groupe Etat islamique, selon les autorités françaises.
Au 31 décembre 2016, 348 personnes étaient mises en examen en France pour AMT délictuelle ou criminelle.