Dans le sillage d'Alexis Pinturault, Victor Muffat-Jeandet et Mathieu Faivre, également attendus ce week-end dans les épreuves techniques des finales de la Coupe du monde de ski alpin à Méribel, aspirent à la polyvalence, thème récurrent au sein des équipes de France.
Pour Victor Muffat-Jeandet, le processus est déjà bien engagé, alors que Mathieu Faivre, 23 ans, est encore aux prémices de sa "diversification".
"J'ai toujours voulu être considéré comme un skieur avant tout. Je pense que la spécialisation est très mauvaise pour l'esprit et l'épanouissement. Ça a toujours été un de mes objectifs", explique Muffat-Jeandet (26 ans), deuxième du super-combiné de Wengen (Suisse) en janvier, son premier podium sur le circuit majeur.
Et le skieur de Bonneval-sur-Arc, qualifié pour les finales de géant, samedi, et de slalom, dimanche, de poursuivre: "Maintenant, c'est un problème délicat. Sur quoi on met l'accent? Je reste quand même un technicien. Je suis arrivé à la Coupe du monde par la technique, qui reste ma priorité. J'adore faire un peu de vitesse, notamment pour le super-combiné. C'est important. Et même pour me faire évoluer dans les autres disciplines. Est-ce que j'ai le potentiel pour jouer la carte comme Alexis (Pinturault)? Ca va être un peu la discussion du printemps."
L'Arlésienne
La polyvalence, c'est un peu l'Arlésienne en équipe de France. On en a beaucoup parlé au détour des années 2000, mais sans voir d'effet concret. Avant qu'Alexis Pinturault, 24 ans ce 20 mars, ne l'impose par son talent.
Champion du monde chez les juniors en 2010, Faivre est depuis typé pur géantiste. A l'aune d'une saison décevante dans sa discipline de prédilection, l'Azuréen a franchi le pas.
"La diversification? Je m'y suis mis. J'ai fait des Coupe d'Europe en super-G, des slaloms FIS. Je pense que cet été je vais faire beaucoup plus d'entraînements en super-G et en slalom pour la saison prochaine m'aligner sur d'autres disciplines. C'est un bien pour ma discipline forte, mais aussi pour m'aérer l'esprit et moins me focaliser sur les huit courses qui nous sont proposées en géant", remarque le skieur d'Isola 2000.
"Pour eux, c'est aussi important de passer par plusieurs disciplines. Sinon, c'est très monotone. Et on aurait tendance à se perdre à ne faire qu'une seule discipline. Et pour nous, c'est la garantie d'avoir des athlètes qui jouent dans toutes les disciplines", souligne Fabien Saguez, directeur technique national du ski français.
Pourtant le DTN estime qu'il n'y a nul besoin d'un groupe polyvalent sur les modèles autrichien et suisse. "Ce n'est pas la tendance. Déjà nos polyvalents arrivent tous du groupe technique et la coordination avec le groupe vitesse marche très bien." Champion olympique de descente en 1998 à Nagano, Jean-Luc Crétier, entraîneur au sein du groupe technique, assure ce lien vers la vitesse.
Victor Muffat-Jeandet est sur la même longueur d'ondes: "les groupes polyvalents en Autriche et en Suisse, ce sont des +mecs+ qui font du géant et de la vitesse, pas de slalom, style Carlo Janka. Même si on investit dans la vitesse, il ne faut vraiment pas qu'on lâche le slalom. Ce sont des qualités physiques très différentes. Le système qu'on a là est bien".
La situation est plus difficile chez les filles, d'autant que Tessa Worley revient de blessure et doit déjà retrouver son niveau en slalom géant, dont elle fut championne du monde en 2013.