Ce jeudi 19 juin, les cheminots de Saint-Jean-de-Maurienne ont voté la poursuite de la grève. Ces Savoyards se sentent oubliés de la réforme ferroviaire. Ils travaillent en majorité pour le fret et se demandent si le rêve d'une France avec moins de camions et plus de trains ne s'est pas envolé.
C'est l'une des branches du transport ferroviaire dont on dit toujours qu'elle mériterait d'être relancée dans l'intérêt d'une meilleure défense de l'environnement. Mais actuellement "Fret SNCF" fonctionne sous perfusion. La réforme ferroviaire aurait pu participer à cette relance. Finalement "la reconstruction" du chemin de fer n'en fait pas une priorité. En Savoie, on le regrette. Ce jeudi 19 juin, les cheminots ont donc voté la poursuite de la grève sur cette terre de fret.
Le projet du gouvernement vise actuellement à stabiliser la dette du secteur ferroviaire (44 milliards d'euros) et à préparer son ouverture totale à la concurrence. La réforme regroupe donc, dans une holding publique, la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF). Les deux entreprises avaient été séparées en 1997. Le projet prévoit une organisation complexe avec trois établissements publics à caractère industriel (Epic), dont l'un, nommé SNCF, chapeautera deux filiales, "SNCF Mobilités" et "SNCF Réseau". Mais le fret dans tout ça? "Il est déjà livré à la concurrence", explique un cheminot, "et c'est comme si on devait faire le deuil de cette activité."
Reportage Mickaël Guiho et Franck Céroni
Pourtant, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre engendrées par la route, le Grenelle de l'environnement avait fixé un objectif de 25% des marchandises sur les rails à l'horizon 2022. Qu'en est-il du transport écologique de marchandises promis par la SNCF?
Si on jette un oeil sur les chiffres de Fret SNCF, la filiale de transport ferroviaire de SNCF Geodis (qui propose aussi le transport routier), en 2000, 55 milliards de tonnes kilomètre avait été transportés contre seulement 21 milliards en 2012!