Depuis que sa fille Ambre, saisonnière, a été blessée dans l'incendie du bâtiment où elle était hébergée à Courchevel, Alain Corci mène une "enquête parallèle". Ce Gardois veut déterminer toutes les responsabilités dans ce drame qui a fait 2 morts et de nombreux blessés.
Samedi, un homme de 22 ans suspecté d'être à l'origine de l'incendie qui a coûté la vie à deux saisonniers à Courchevel dans la nuit du 20 au 21 janvier dernier a été mis en examen.
Il est poursuivi pour "destruction par incendie ayant entraîné la mort", "destruction par incendie ayant entraîné une interruption temporaire de travail supérieure à huit jours" et "détention d'arme".
Un "soulagement" pour Alain Corci le père d'Ambre, une jeune femme grièvement blessée après avoir sauté du 3e étage du bâtiment en feu.
Nous le retrouvons à Courchevel où il mène depuis le drame une "enquête parallèle" pour s'assurer que toutes les responsabilités seront établies dans cette affaire qui pose la question des conditions d'hébergement des saisonniers qui vivaient dans le bâtiment incendié.
"Une omerta"
"Ici tout le monde connaissait l'état d'insalubrité des lieux mais personne n'a rien dit" dénonce Alain Corci.
"L'ISBA existait depuis 1957. Il a été fermé par la municipalité car il ne répondait plus aux normes de sécurité puis racheté par le groupe Tournier pour y loger des saisonniers mais rien a été fait".
Pour ce gardois, une véritable "omerta" règne sur Courchevel en ce qui concerne également le trafic de drogue, l'une des pistes envisagées par les enquêteurs pour expliquer l'origine du sinistre.
"La muncipalité, les hôteliers, les restaurateurs, tous sont au courant. Dans cette station qui brasse des millions, tous les excès sont permis et personne ne dira rien" affirme Alain Corci.
Celui-ci nous donne par ailleurs des nouvelles rassurantes de sa fille qui se remet doucement à Montpellier des graves blessures qu'elle a subi.
"Elle commence à remarcher" nous confie ce père plus déterminé que jamais à tout mettre en oeuvre pour qu'un tel drame ne se reproduise pas.
Retrouvez l'intégralité du témoignage d'Alain Corci
L
Le premier jour après la nuit
du drame, il a pu voir sa fille
« cinq minutes avant qu’elle
n’aille au bloc opératoire ». À
ce moment-là, « j’avais déjà des
informations », indique celui
qui constitue, semaine après semaine,
un dossier recueillant témoignages
et autres éléments.
Qu’il garde pour lui, pour l’instant,
afin de ne pas « polluer
l’enquête ». Il préfère « voir ce
qu’il en ressortira. Quand le
moment sera venu, je sortirai
mes cartouches ».
Cette investigation lui demande
du temps. Forcément, la vie
de famille en prend un coup.
« C’est un choix », admet-il,
analysant que, dans tout drame,
« il y a un avant et un après » :
« Le jour où ça vous arrive, on
voit la vie différemment ». Ces
recherches sont, pour lui, une
manière de s’« exorciser ». Sa
femme, suivie psychologiquement,
« commence à remonter
un petit peu la pente ». Et leur
deuxième fille a, pendant ce
temps, repris les rênes, avec les
employés, de l’activité familiale
d’illusionnistes-fauconniers.
C’était sa deuxième saison
dans la station savoyarde
Ambre avait déjà travaillé, la
saison précédente, à Courchevel.
Avec sa soeur Aurore, de
deux ans sa cadette. Comme
femmes de chambre. « Elles
avaient été logées au même endroit
», raconte Alain Corci. Selon
lui, elles avaient décidé de
ne pas y retourner à cause des
conditions dans lesquelles elles
avaient été hébergées. C’est
pourquoi Ambre avait prévu,
cet hiver 2018-2019, de travailler
à Megève. « À une semaine
de l’embauche, ils l’ont
appelée pour lui dire qu’ils
avaient trop de salariés et qu’elle
n’était pas prise ».
Entre-temps, elle aurait été
rappelée par son ancien employeur
de Courchevel qui lui
proposait un meilleur poste :
assistante gouvernante.
« C’était le même employeur, le
même hôtel et le même logement
», décrit Alain Corci.
Faut-il y voir un signe du destin
? Son père cherche ailleurs.
Arrivé à Courchevel ce weekend,
il compte rester jusqu’à la
semaine prochaine. Avant de
retourner dans le Sud. Puis de
revenir. Encore et encore.