La dérive jihadiste d'Abdel Malik P : Aix-les-Bains sous le choc

Comprendre et réaliser que ce tout jeune homme de 19 ans avait basculé dans l'extrême : à Aix-les-Bains, on a bien du mal à admettre qu'Abdel Malil P etait fiché S depuis fin juin et protagoniste d'un acte aussi effroyable.

"Il m'a toujours dit qu'il était contre les attentats": à Aix-les-Bains en Savoie, aucun de ceux qui ont croisé Abdel Malik P n'arrivaient ce jeudi 28 juillet à imaginer leur ami, voisin ou connaissance de mosquée en assassin d'un vieux prêtre.

Comment un gamin décrit comme "gentil", "poli", "doux", sans signe avant-coureur de radicalisation, a-t-il pu se transformer en bourreau justifiant ses crimes au nom de l'Etat islamique?

C'est la question, pour l'instant sans réponse, que se posaient jeudi après-midi, l'entourage et les adultes qui ont côtoyé Abdel Malik P, 19 ans, identifié formellement comme le deuxième auteur de l'attaque meurtrière de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray.

En juin, Petitjean se rendait en Turquie, probablement pour rejoindre la Syrie. A la fin du mois, il faisait l'objet d'une fiche S. En juillet, il participait au meurtre d'un prêtre dans une église normande en compagnie d'Adel Kermiche dont l'itinéraire jihadiste a croisé celle de Petitjean. Mais pourquoi? Comment?

"Ici, à la mosquée, on est abasourdi", souffle Selim Ben Mehidi, secrétaire de l'association musulmane d'Aix-les-Bains. "Ça m'a surpris, choqué."
M. Ben Mehidi dit avoir croisé le jeune "Malik" lorsque celui-ci venait prier dans cette mosquée faite depuis 30 ans de préfabriqués et installée dans une impasse proche du quartier de Petitjean.

"Il avait un comportement exemplaire, irréprochable, n'avait jamais la voix qui s'élevait, était vraiment calme... Une personne attachante, sereine. Il n'y a eu aucun signe avant coureur. C'est le cheval de Troie!" ajoute M. Ben Mehidi qui certifie n'avoir jamais eu vent de "problème ou de suspect ultra religieux" dans la mosquée.

- 'Très agréable' -

Deux ans plus jeune que P et fidèle lui aussi de la mosquée, Hakim, 17 ans, tombe des nues: "Ça me fait peur et ça me déçoit de lui. Il a très bien caché son jeu."
"Si j'avais su, je l'aurais raisonné, Malik. Je lui aurais dit l'islam c'est pas ça. Il a toujours dit qu'il était contre les attentats. Il parlait de la religion mais pas de son extrémisme", relève Hakim.
Abdel Malik P s'était installé il y a moins de deux ans à Aix-les-Bains, une station thermale chic, en compagnie de sa mère et d'une de ses soeurs, après avoir vécu à Montluçon (Allier) et dans les Vosges.

Scolarisé au lycée Marlioz, il avait décroché en 2015 un bac professionnel section commerce, et faisait depuis de l'intérim. "C'était un gentil gamin, super poli", abonde la responsable d'un magasin de vêtements du centre-ville où il avait fait un stage d'un mois en mars 2015.
"On n'aurait jamais pu croire un truc comme ça. Il était très agréable... Aucun souci avec lui", complète-t-elle.

Sur les rives du lac du Bourget, la vraie nature de celui que ses proches appelaient simplement "Malik" semble insaisissable.
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