Le mont Blanc à 11 ans et l'Everest à 17 : qui est Bertrand Roche, le "Zébulon" des sommets ?

La première ascension de l'Everest a fêté ses 70 ans au mois de mai dernier. Un alpiniste de Savoie, Bertrand Roche, surnommé "Zébulon", a inscrit son nom dans l'histoire du sommet himalayen. Il a été le plus jeune "summiter" à avoir atteint le toit du monde. Rencontre.

Cela fait des années que la série pour enfants Le Manège Enchanté a été déprogrammé, mais le surnom de Bertrand Roche, lui, est resté intact. Le Savoyard est toujours connu sous le pseudonyme "Zébulon", en référence au petit personnage monté sur ressort.   

Une énergie précoce et une enfance dans les montagnes ont porté l'alpiniste vers les plus hauts sommets. Et au plus jeune âge : à 11 ans, il gravit le sommet du mont Blanc. Six ans plus tard, il atteint l'Everest, le toit du monde.

Quoi de mieux que de s'envoler avec son père ?

Bertrand Roche.

Désormais âgé de cinquante ans, il revient sur sa jeunesse et ses faits d'armes qu'il doit, selon lui, à son père, Jean-Noël Roche, dit Pap's, alpiniste et parapentiste de renom : "J'avais un papa qui était bien actif. Et il adorait faire des choses avec moi. Il m'a amené dans toutes ses aventures. Comme il voyait que je suivais et que j'étais à l'aise, il m'a fait faire des choses un peu plus complexes, un peu plus sympas de fil en aiguille. Ça me plaisait : pour un gamin, quoi de mieux que de s'envoler avec son père ?"

Des sommets, du ski, du parapente

Très jeune et à une époque où la télévision s'invite sur les cimes, Zébulon est mis en lumière : il fait l'objet de documentaires ou encore d'un livre. Le monde de l'alpinisme s'étonne de sa précocité avec ce mont Blanc atteint à 11 ans : "Mon père m'a amené avec ses clients. On n'a pas fait ça pour l'exploit ou quoi que ce soit d'autre. Il devait amener des clients là-haut, mais ça tombait bien, il restait une place. Il me l'a proposée, et c'était magique."

À 14 ans, il traverse les Alpes en ski de randonnée. Un périple de près de 2 000 km entre la France et l'Autriche, qui demande une certaine condition physique et une bonne connaissance de la montagne. "Je n'en ai pas conscience au début. Je suis né là-dedans. Je me retrouve à faire du ski, du parapente de l'escalade très jeune. C'est des choses qui sont plutôt destinées aux ados et aux adultes. C'était une expérience folle", nous raconte Bertrand Roche.

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La première ascension de l'Everest a fêté ses 70 ans, au mois de mai dernier. Un alpiniste de Savoie, Bertrand Roche, surnommé "Zébulon", a inscrit son nom dans l'histoire du sommet himalayen. Il a été le plus jeune "summiter" à avoir atteint le toit du monde. Rencontre. ©FTV

Une redescente en parapente

Trois ans plus tard, en octobre 1990, il entre dans l'histoire de l'Everest : à 17 ans, il devient un des plus jeunes alpinistes à atteindre le sommet par la voie normale. "À l'époque, il n'y avait pas grand monde qui y parvenait. Je me souviens avoir été le 15e Français. Ça représentait quelque chose. C'était le début des années où tout était possible et où tout le monde avait des défis un peu fous."

Son défi "un peu fou" de l'époque : redescendre de la montagne en parapente biplace avec son père : "Depuis mon plus jeune âge, j'étais fou de parapente. (...) C'était moi le pilote, il avait assez confiance pour ça", sourit-il, avant d'évoquer "un souvenir impérissable".

On ne peut pas reprocher aux Népalais de gagner leur vie. On fait à peu près la même chose chez nous avec le mont Blanc.

Bertrand Roche, au sujet de l'engouement autour de l'Everest.

Il a de nouveau effectué ce sommet en 2001, avec son ancienne compagne. Il n'y est jamais revenu depuis, et a été témoin de l'engouement autour de cette montagne : "Il y a eu tellement d'évolutions au niveau du matériel, de la météo, de l'organisation, mais aussi de la perception de la montagne. Maintenant, nous avons une corde fixe qui est installée du début de l'ascension jusqu'à quasiment le sommet. Nous n'avions pas ça à l'époque. Ce n'était pas aussi accessible. Maintenant, il y a aussi une dimension business. Mais on ne peut pas reprocher aux Népalais de gagner leur vie. On fait à peu près la même chose chez nous avec le mont Blanc."

"Ça a des conséquences sur l'environnement. Il y a une prise de conscience : on impose aux expéditions des règles de plus en plus strictes. Mais certaines dérives persistent", explique-t-il comme un témoin de la montagne qui l'a vu naître.

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