Les tatoueurs professionnels risquent de se voir interdire la couleur, à compter du 1er janvier 2014. Un arrêté ministériel a prévu l'interdiction de 59 colorants, soit 9 encres sur 10, pour "raisons de sécurité". Il est pour l'instant suspendu, mais les professionnels sont mobilisés.
A Chambéry, comme dans les trois départements des Alpes, tous les professionnels disent vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de leurs boutiques, à l'heure où une décision semble menacer le tatouage de couleur. Le Syndicat National des artistes tatoueurs a été reçu, ce mercredi 27 novembre, à l'Assemblée nationale et il a réussi à faire entendre ses arguments auprès du député socialiste isérois Olivier Véran, notamment. L'arrêté ministériel, publié en mars à la demande de l'Agence nationale de sécurité du médicament, est suspendu, le "temps de remettre les choses à plat" et surtout dans l'attente "de nouvelles analyses toxicologiques sur les pigments incriminés."
Un délai et un bref répit, jusqu'au 1er janvier. L'enjeu est de taille pour la profession: "si cette interdiction devait être maintenue, les tatoueurs devront bannir les couleurs ou passer les frontières. Il est certain que cette mesure va encourager le tatouage clandestin", selon le secrétaire national du Syndicat.
Au nom du principe de précaution"
C'est à la demande des dermatologues que le ministère de la Santé a décidé d'inscrire les pigments de couleur utilisés par les tatoueurs, sur une liste noire. Certains colorants utilisés dans les encres inquiètent en effet les autorités sanitaires, même si elles reconnaissent "ne pas avoir les informations médicales suffisantes pour l'instant." Aucune étude à ce jour ne permet d'affirmer que ces produits, considérés comme des "procédés cutanés invasifs au long cours", sont cancérigènes. Et c'est bien ce qui met hors de lui Stéphane, tatoueur professionnel à Chambéry depuis 8 ans.
Une mesure qui va fragiliser la profession"
Dans son salon, Stéphane travaille surtout le noir et gris mais pas seulement. En 8 ans de carrière, il n'a jamais eu de souci avec les pigments de couleurs, "juste deux cas d'allergie légère au rouge, c'est tout", et l'arrêté du ministère le navre: "ils se préoccupent d'encres qui ne posent pas de souci, alors qu'ils font preuve d'un laxisme coupable envers le tatouage clandestin, ou les conditions d'hygiène."
Stéphane a suivi une formation sur l'hygiène et de salubrité au Centre hospitalier de Chambéry, formation obligatoire depuis 2008. Depuis, il n'a jamais été contrôlé!
