Quatre membres de la direction ont été retenus jusque tard dans la soirée sur le site savoyard de Graftech ce jeudi 16 avril, après un comité central d'entreprise houleux et sans avancée selon les syndicats.
Le groupe américain Graftech, fabricant de composants en graphite, veut fermer d'ici à la fin de l'année son site de La Léchère, menaçant près de 50 emplois. "C'est une décision d'actionnaires et de financiers. Ils disent que la branche est en déficit mais le site fait du chiffre d'affaires et dégage du bénéfice", selon Jean-Marc Ruffier, délégué syndical CGT.
La fermeture du site de Notre-Dame-de-Briançon, prévue d'ici l'automne prochain, entraînerait 41 suppressions de postes ainsi que 6 reclassements vers des sites de Graftech en Italie et à Calais (Pas-de-Calais). Si les reclassements sont refusés, il pourrait donc y avoir jusqu'à 47 licenciements, selon la direction.
Exaspérés et déterminés après un comité central d'entreprise infructueux, les représentants du personnel ont bloqué les entrées de l'usine ce 16 avril, empêchant la sortie des représentants de la direction.
Après cinq heures de blocage et l'intervention d'un négociateur mandaté par le préfet de Savoie, les quatre responsables de l'entreprise ont pu sortir de l'usine, avec la promesse d'une prochaine table ronde avec les syndicats, le représentant de l'Etat, les élus locaux et le député et président du département Hervé Gaymard. Celui-ci avait d'ailleurs pris la défense du site dans son discours d'investiture du 2 avril dernier : " Nous ne pouvons pas accepter que Graftech ferme en juillet, cette unité de production qui a un carnet de commandes plein pour les années qui viennent, et déménage les machines vers un site de production italien. Nous serons tous solidaires pour empêcher cette casse inacceptable."
Les salariés de La Léchère ont observé plusieurs mouvements de grève depuis l'annonce du plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) en mars dernier.
Une délégation s'était même rendue jusqu'à Paris lors de la journée de grève nationale contre l'austérité et la loi Macron.
Récit de Bernard Portugal
"L'activité de la branche Matériaux Avancés en Graphite (AGM) est en forte perte depuis trois ans et le groupe n'a pas réussi à la ramener à la rentabilité malgré des restructurations", a indiqué à l'AFP Christophe Delayre, directeur des opérations de l'activité AGM chez Graftech et directeur de l'établissement savoyard.
"Les perspectives se sont dégradées. Il y a un excès d'offre, une concurrence exacerbée qui a fait baisser les prix", a-t-il ajouté.
Le groupe, qui fournit des pièces pour l'industrie aéronautique, l'électronique ou l'énergie solaire, souffre notamment du retournement du marché du photovoltaïque depuis quelques années, selon lui.
Graftech a ainsi prévu de fermer deux sites de la branche AGM, un en Europe, l'autre aux Etats-Unis.
"C'est injuste et injustifié", estime Jean-Marc Ruffier, de la CGT en assurant que "le carnet de commandes est plein pour 2015".
Déjà en 2005 un plan social avait entraîné la suppression de 107 postes sur le site savoyard.