L'avocat du laboratoire bas-normand Marette réfute la thèse avancée par la ministre de la Santé pour justifier les décès des trois nourrissons de l'hôpital de Chambéry. Il ne veut pas entendre parler, pour l'heure, d'accident de production.
"L'hypothèse la plus probable est aujourd'hui celle d'un accident de production isolé sur le site de Marette survenu le 28 novembre lors de la préparation des poches destinées au Centre hospitalier de Chambéry", a indiqué la ministre de la Santé, Marisol Touraine, lors d'une conférence de presse, ce vendredi 24 janvier.
En outre, la Ministre a "blanchi" l'hôpital chambérien, précisant que la mission d'inspection n'a "pas établi de lien entre les pratiques de l'établissement et un risque de contamination des poches de nutrition" utilisées, même si des remarques ont été faites à l'hôpital sur leurs condition de conservation et le respect des dates limites d'utilisation.
C'en est trop, semble dire l'avocat du laboratoire. "Il est très grave de parler d'hypothèse la plus probable (...) alors que les conclusions expertales ne mettent à ce jour en exergue aucun élément imputable au laboratoire", a estimé le défenseur Matthieu Lemaire, pour qui aucun scénario "n'est exclu". "Ces hypothèses sont extrêmement dangereuses", a-t-il ajouté.
L'hypothèse d'un "accident de production isolé" est cependant renforcée, selon le directeur général de la santé, Benoit Vallet, par le fait que les poches incriminées dans les décès de Chloé, Théo et Milie survenus les 6, 7 et 12 décembre à l'hôpital de Chambéry, avaient toutes été produites le 28 novembre "dans une période de temps limitée, en fin de journée". Un autre bébé ayant été alimenté par une poche du même lot a montré les mêmes symptômes de choc septique le 15 décembre, mais a pu être sauvé.
Une "contamination massive" par une entérobactérie inconnue à ce jour a été décelée sur six poches provenant de ce lot. Ceci a conduit les autorités sanitaires à suspendre dès le 7 janvier la production du laboratoire Marette.
Mais, selon l'avocat, sur les 137 poches fabriquées le 28 novembre par le laboratoire normand, 102 ont été livrées à "six établissements différents de Chambéry sans le moindre incident".