Les parents d'un des nourrissons morts à Chambéry reprochent aux autorités sanitaires d'avoir tardé à suspendre l'activité du laboratoire Marette, où des manquements dans la fabrication des poches alimentaires avaient été constatés trois semaines avant la décision du 7 janvier.
Jonathan, 27 ans, est le père de Théo. Ce jeudi 16 janvier, il a dit être "très très en colère" après avoir pris connaissance d'un rapport de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Selon lui, dès le 17 décembre, les inspecteurs de l'ANSM avaient constaté que Marette n'assurait "pas une maîtrise complète des risques de contamination des produits fabriqués, particulièrement en termes de désinfection systématique des mains, avant la manipulation des poches, de contrôle des gants après chaque opération critique". Or la production du laboratoire n'a été suspendue que le 7 janvier.
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C'est un laboratoire, pas une usine de roulements à billes"
"C'est lamentable, on ne comprend pas comment pendant trois semaines, on peut continuer à faire tourner l'entreprise dans des conditions comme ça", a dénoncé Jonathan, dont le fils est mort le 7 décembre, deux jours après s'être fait alimenter par une poche Marette.
"On nous a dit plusieurs fois que le laboratoire avait été contrôlé, qu'il n'y avait rien de grave, que tout se passait bien. Pourquoi, du jour au lendemain, on trouve des gens qui ne se lavent pas les mains? C'est un laboratoire, pas une usine de roulements à billes", a poursuivi le père.
L'avocat du laboratoire bas-normand, Me Matthieu Lemaire, a assuré dans le même temps que les observations de l'ANSM n'avaient "aucun lien causal avec les germes" retrouvés dans les poches de nutrition. "C'est un rapport qui a soulevé des points qui sont à corriger mais comme dans tout audit. Ce n'est pas là-dessus qu'il faut se focaliser, mais peut-être sur d'autres éléments", a-t-il ajouté.
"Les parents se sentent seuls"
La justice enquête sur le décès de trois bébés - Chloé, Théo et Milie - morts les 6, 7 et 12 décembre à l'hôpital de Chambéry et d'un quatrième, Mattéo, survenu neuf mois plus tôt dans l'établissement. Les parents de Théo, Sophie et Jonathan, ont renouvelé leur appel à ceux qui pourraient se trouver dans le même cas qu'eux. "On est certain qu'il y a d'autres décès", affirme Jonathan, qui a déjà reçu des appels de parents à Montpellier, Saint-Brieuc et Aix-les-Bains.
"Les parents se sentent seuls et tout seul, c'est dur d'affronter un hôpital", a-t-il estimé. "Il est important que tous les parents qui se sentent concernés prennent contact avec la justice", a aussi plaidé leur avocate, Caroline Collomb.