Six associations ont déposé ce mardi 10 octobre un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble. Elles espèrent obtenir la suspension de l’arrêté préfectoral qui autorise, sous conditions, le tir de marmottes et des lièvres variables en Savoie.
Ouverte début septembre, la saison de la chasse à la marmotte et au lièvre variable dure deux mois en Savoie. Le 11 novembre, ces deux espèces seront, de nouveau, protégées pour la période d’hibernation. Mais six associations de défense de l’environnement n’entendent pas rester bras croisés d’ici-là. L’Association Justice Animaux Savoie (AJAS), l’ASPAS, Animal Cross, AVES, FNE Savoie et One Voice ont déposé mardi 10 octobre un recours en référé devant le tribunal administratif de Grenoble avec, dans le viseur, l’arrêté qui autorise le prélèvement.
Cette démarche fait suite à une pétition en ligne en faveur du rongeur emblématique des Alpes – 78 000 signatures à ce jour – et une action symbolique devant la mairie de Chambéry début septembre, à l’ouverture de la saison. "Ça fait un an qu’on essaye de mobiliser pour que des décisions politiques soient prises", expose Pauline di Nicolantonio. "On ne peut plus rester impuissants", martèle la présidente de l’AJAS.
Pas de comptage
Bannie dans d’autres départements comme le Cantal ou les Pyrénées-Orientales, la chasse à la marmotte fait régulièrement débat en Savoie. L’an dernier, 423 mammifères avaient ainsi été abattus dans le département, selon les relevés des carnets de prélèvement des chasseurs effectués en fin de saison. Une pratique en déclin – 883 individus avaient ainsi été tués en 2013 –, mais que les associations militent pour faire interdire.
Elles font valoir le statut de l’espèce, protégée par l’annexe III de la Convention de Berne. À ce titre, la France est dans l’obligation de "maintenir les populations hors de danger". Or, "il n’y a, à ce jour, aucun comptage officiel permettant de connaître avec exactitude l’état de sa population, déplore l’AJAS. Et l’on joue sur cette méconnaissance pour continuer à autoriser sa chasse. Les marmottes se portent pourtant bien mal, victimes des effets du réchauffement climatique, et de nombreux scientifiques tirent la sonnette d’alarme."
Prélèvements "infimes"
La pratique est "extrêmement encadrée et les résultats suivis", rétorquait la préfecture au printemps dernier en réponse aux avis défavorables déposés dans le cadre d’une concertation publique. Elle s’inscrit dans un cadre culturel des chasses patrimoniales de montagne dont les prélèvements sont infimes au regard de l’importance des populations et des enjeux économiques liés à l’agriculture."
Malgré leur aspect de bonhomie et d’attrait pour le grand public, les marmottes commettent des dégâts dans les herbages, font des amas de terre et de pierres en surface qui, en souillant le fourrage lors de la récolte, le rendent moins attractif et entraînent des bris et une usure des machines agricoles. Elles peuvent porter atteinte aux habitations (chalets d’alpage).
Préfecture de la SavoieRéponse aux avis publics sur le projet d’arrêté de chasse
Les services de l’État reconnaissent que l’espèce "n’a pas fait l’objet de suivi démographique". Mais ils soulignent que le nombre de communes où elle a pu être observée a augmenté d’environ 30 % par rapport aux années 1950 – même si cette tendance semble interrompue depuis la décennie 1980. Sans attendre de trancher la bataille des chiffres, les associations espèrent une audience rapide devant le tribunal administratif, et qu’une éventuelle suspension permette de créer un précédent.