"On vient au travail, mais on n'a pas de travail" : les salariés d’une entreprise savoyarde en grève dénoncent un manque de dialogue social

Rachetée par un groupe coréen en 2020, l’entreprise Runipsys, basée à Mery (Savoie), a perdu une grande partie de ses ouvriers. Le syndicat Force Ouvrière accuse la direction de vouloir délocaliser la chaîne de production en Chine, et de manquer de transparence à ce sujet. Une mobilisation s’est organisée ce lundi 18 novembre.

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"Vous savez que vous allez être licencié, mais vous ne savez pas quand ni comment, c’est insoutenable", témoigne Henri Mantello représentant du syndicat Force Ouvrière (FO), à Runipsys. Il y a quatre ans, l’équipementier automobile basé à Mery (Savoie) a été racheté par le groupe coréen Yudo. Depuis, c'est la descente aux enfers selon le syndicat qui a décidé d’organiser une grève ce lundi 18 novembre. 

De 32 à 7 ouvriers 

"Depuis qu’elle a été rachetée, l’entreprise ne fait que perdre de l’argent", explique Pierre Didio, secrétaire général FO de la Savoie. Selon lui, le groupe coréen tente de liquider la chaîne de production française pour la délocaliser en Chine. Ainsi, l’entreprise serait passée de 15 cadres et 32 ouvriers en 2021, à 32 cadres et 7 ouvriers en 2024. 

Une différence de statut qui impacte donc immédiatement sur la masse salariale. Elle aurait augmenté de 43 % ces dernières années alors que l’effectif aurait baissé de 22 %.

Le syndicat reproche surtout aux dirigeants de faire la sourde oreille, et de ne pas communiquer sur l’avenir de la branche savoyarde de Runipsys. "Ils licencient entre 5 et 8 salariés régulièrement, car s’ils font de plus gros 'paquets', ils sont obligés de mettre en place des plans de sauvegarde de l’emploi, ce qu’ils préfèrent éviter", raconte Pierre Didio.

Une situation invivable 

Les chaînes de production sont donc quasiment à l’arrêt dans l’entreprise savoyarde et les sept ouvriers restant ne travaillent quasiment plus. "Ça fait un an que ça dure, on vient au travail et on n'a pas de travail. Passer des journées de 9 heures à regarder le téléphone portable, c'est insupportable. Rester en arrêt maladie, ce n'est pas viable non plus", s’emporte Henri Mantello. 

Mais c’est surtout le sentiment d’incertitude qui ne cesse d’inquiéter les ouvriers restants : "C'est devenu impossible de se projeter dans l’avenir", ajoute-t-il. 

On veut immédiatement une réunion et mettre les points sur les i pour qu’ils nous disent clairement quel est le projet pour la suite de l’entreprise.

Pierre Didio

Secrétaire général Force Ouvrière de la Savoie

Les responsables politiques de la région se sont, eux aussi, mobilisés. Nathalie Fontaine, maire de Mery, Marie-Pierre Montoro-Sadoux, qui gère les grosses zones économiques de la Savoie, et Renaud Beretti, président de la communauté d’agglomération Grand Lac, ont décidé d’écrire une lettre au Premier ministre. Le but premier est alors d’établir un "dialogue social" qui est décrit comme inexistant par Nathalie Fontaine. 

À l’issue de la première journée de mobilisation, la situation était particulièrement tendue entre les grévistes et les responsables de l’entreprise. Dans l’après-midi, les employés sont entrés de force dans le bureau des dirigeants et le dialogue semble toujours difficile à établir. 

"Malgré les demandes répétées des salariés, le PDG a refusé de donner toute information concrète. Des salariés ont décidé de lui laisser jusqu’à mercredi midi (20 novembre, NDLR) pour s’expliquer, à compter de quoi le mouvement de grève reprendrait avec un durcissement certain de l’action", écrit le syndicat dans un communiqué. Contactés par France 3 Alpes, les dirigeants de Runipsys n’ont pas souhaité s’exprimer.

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