Le lynx Talo a connu un destin mouvementé. Né au printemps 2012, il avait été récupéré très affaibli dans le canton de Vaud l'hiver suivant, avant d'être relâché en 2013 près de Genève. Il était depuis suivi par des spécialistes de la Confédération qui signalent aujourd'hui sa mort en Savoie.
A lui tout seul, il était devenu le symbole de la nécessité d'installer des corridors biologiques. La mort de ce lynx démontre finalement l'importance pour la biodiversité du maintien d'un réseau de voies naturelles pour permettre à la faune d'assurer ses déplacements vitaux.
Ambassadeur des corridors biologiques
Le lynx Talo a été victime d'une collision routière dans le sud de la Savoie, le 2 janvier dernier. L'expérience et la prudence du félin n'auront pas suffi: Talo, reconnu grâce à son collier, a été percuté par un véhicule dans les gorges du Bréda, à mi-chemin entre le parc naturel des Bauges et le parc naturel de la Chartreuse.Le parcours de ce félin avait été hors du commun: le jeune animal avait été récupéré très affaibli dans le canton de Vaud, en Suisse. Soigné par des spécialistes, il avait pu retrouver la nature au printemps 2013 dans les forêts du canton de Genève. Déjouant les prévisions, il s'était ensuite dirigé vers les Alpes, franchissant alors avec succès d'importants axes routiers tout en privilégiant durant ses déplacements les tracés des corridors biologiques. Pendant près de deux ans, il a ainsi occupé un vaste territoire montagneux, à l'ouest du Mont-Blanc.
Parfois aperçu par des gardes ou des chasseurs, le lynx est toujours resté très discret et ses déplacements sont surtout connus grâce aux données GPS collectées par les spécialistes du KORA, l'organisme chargé du suivi des grands carnivores par la Confédération, et de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage en France.
Marcheur inlassable
Talo a parcouru plusieurs centaines de kilomètres entre le Jura et les Alpes occidentales. Son aventure avait débuté avec un obstacle de taille: la voie express qui traverse le Pays de Gex. Sagement, Talo avait attendu plusieurs heures avant de franchir les quatre voies à grande vitesse au milieu de la nuit. Dans ses déplacements, le félin a toujours privilégié les chemins les plus sûrs: zones de montagnes, massifs boisés... Son périple indique cependant qu'il a dû traverser le Rhône, -peut-être en empruntant un pont-, l'autoroute blanche, l'A41 et un grand nombre d'axes routiers de tailles variées.Talo a longtemps eu de la chance, mais c'est en franchissant une voie de circulation qui traversait son territoire qu'il a perdu la vie. Pour le département de l'environnement, des transports et de l'agriculture du Canton de Genève, son parcours démontre "l'importance des contrats de corridors biologiques transfrontaliers qui réunissent les collectivités publiques de la région. En rétablissant les connexions interrompues pour les animaux, les contrats de corridors permettent de préserver des espèces qui, comme le lynx, ont besoin d'un grand territoire pour survivre. Ils augmentent également la sécurité des automobilistes en réduisant les risques d'accidents sur les routes les plus fréquentées."