Construit avant la Seconde Guerre mondiale, le fort Saint-Gobain dévoile son histoire aux visiteurs près de Modane en Savoie. Depuis plusieurs dizaines d'années, cet ancien système défensif de l'armée française, ouvrage majeur de la ligne Maginot dans les Alpes, attire les passionnés d'histoire.
Pour fuir le soleil et la canicule qui frappe les Alpes depuis plusieurs jours, peut-être pourriez-vous plonger sous terre, dans l'un des fleurons de l'armée française.
Situé au nord-est de Modane en Savoie, le fort Saint-Gobain ouvre ses portes aux visiteurs chaque été depuis 1990. Une découverte au frais, à 12 degrés, pour plonger dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
De l'extérieur, on devine seulement sa carapace en béton. Ce bloc intrigue et pousse les curieux à s'engouffrer sous terre pour découvrir l'aménagement de cette construction vieille de plus de 90 ans.
Une véritable ville souterraine
Dès les premiers pas, c'est une longue galerie mystérieuse qui se présente aux visiteurs. Cinq officiers et 150 sous-officiers ont été abrités dans le fort Saint-Gobain. Le fort était investi par les soldats français pour se défendre d'une attaque italienne et allemande.
A l'intérieur, tout a été aménagé pour que les militaires puissent vivre en autarcie et se tenir prêts en cas d'offensive ennemie. Le moindre espace était optimisé. Parmi les cinq blocs actifs, le bloc EMH était consacré à l'Entrée des Munitions et des Hommes.
"Il y avait des groupes électrogènes qui servaient à produire l'électricité pour alimenter la totalité du fort. Ils avaient des cuves à carburant pour tenir plusieurs mois", décrit Clément Difilipo, bénévole de l'association du musée de la traversée des Alpes.
Sous terre, on retrouve également l'atelier, les citernes, les cuisines ou encore la pharmacie. C'est une ville souterraine qui s'était organisée. Les visiteurs peuvent même découvrir le système ingénieur de l'époque permettant d'être autonome en air.
"Ils recyclaient l'air ambiant. Ils le purifiaient en le passant dans [des] filtres. Ils enlevaient le CO2 et l'humidité de l'air, puis ils le recyclaient dans le fort de façon à ce que ce soit le même air qui tournait", explique le passionné Clément Difilipo.
Ouvrage majeur de la ligne Maginot dans les Alpes
Dans ce fort érigé avant la Seconde Guerre mondiale, quatre des cinq blocs étaient réservés au combat. Enterrés, les soldats français suivaient la progression de l'ennemi pour éviter tout assaut des nazis.
"La position de l'ennemi était donnée par des militaires qui étaient à l'extérieur ou en bas. C'est là qu'un officier transmettait la nature du tir à réaliser", raconte le bénévole de l'association du musée de la traversée des Alpes.
Le fort Saint-Gobain fait partie de la ligne Maginot. Très connu dans le nord-est de la France, cet ensemble de fortifications se prolonge jusqu'au littoral méditerranéen. En Savoie, la ligne est bel et bien visible aussi bien dans la vallée de la Tarentaise que dans la vallée de la Maurienne. Tous ces blocs avaient la même conception. Mais celui de Saint-Gobain a une particularité.
Aucun assaut subi
"Il s'appelle le sous-marin car il a été creusé dans la roche en six ans, de 1933 à 1939. C'est un fort qui n'a pas tiré parce qu'il s'agissait de la défense des frontières et de la voie ferrée à Modane. Les Italiens au lac du Mont Cenis ont été bloqués par le fort Latura donc en étant en deuxième ligne, celui-ci n'a pas tiré", relate Lili Lidi, la gardienne du fort Saint-Gobain.
En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, cette ville souterraine et sa carapace de béton n'ont subi aucun assaut ennemi.
Racheté à l'armée française en 1990 par l'association du musée de la traversée des Alpes, il est le seul fort ouvert au public chaque été en Savoie.