Procès de l'affaire Fiorèse. Ghislain Anselmini, du football à la prison

De la "vie de lumière" du foot professionnel à l'ombre de la prison: la personnalité de Ghislain Anselmini, 45 ans, a été ce lundi 11 janvier au coeur du premier jour du procès de l'enlèvement avorté de son ancien coéquipier Fabrice Fiorèse.

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"Il y a une vie de footballeur, une vie après le foot et puis une vie après la prison", a résumé d'un ton hésitant l'ex-joueur, lunettes à fine monture et barbe de trois jours, devant la cour d'assises de la Savoie. Né en 1970, Ghislain Anselmini connaît dès 17 ans une "vie de lumière" en devenant professionnel à l'Olympique lyonnais, où il évoluera de 1989 à 1998 avant de rejoindre l'En Avant Guingamp (1998-2000) puis l'US Créteil (2000-2002). 

"On ne pensait qu'au football, on évoluait en vase clos", décrit-il. Marié à 23 ans, le sportif devient vite père de deux enfants tout en enchaînant les aventures extra-conjugales. Mais à 32 ans, sa carrière se termine brutalement. Il tente bien de trouver un club en Chine, sans succès. Et finit par opter pour une formation d'entraîneur.

"Il n'était pas préparé. Il a ressenti un certain échec lors de sa reconversion, cela a été difficile pour lui", raconte Michel Debout, expert psychiatre, décrivant un homme "hâbleur, au contact aisé et agréable même s'il reste sur une certaine réserve". Entraîneur dans l'agglomération lyonnaise puis à Saint-Tropez, Anselmini accumule alors les déboires. Après un redressement fiscal, il doit vendre son appartement parisien puis emprunter de l'argent à son père. Faute de remboursement, ce dernier fait saisir la maison de son fils avant de le faire expulser.

En 2012, l'ex-footballeur est condamné pour recel d'abus de confiance dans une affaire liée au club de Marcy-l'Etoile. A la barre lundi, il a affirmé avoir alors couvert son ancien coéquipier à Lyon et Guingamp Fabrice Fiorèse. "Fio était mon meilleur ami. En amitié, j'ai été trop loin."
Très endetté, Ghislain Anselmini doit emprunter de l'argent à un ami, jusqu'à son incarcération à la prison de La Talaudière (Loire) dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement avorté de Fabrice Fiorèse.

L'ancien joueur de l'OM et du PSG avait été enlevé le 28 septembre 2012 à son domicile savoyard de Salins-les-Thermes par trois hommes encagoulés et armés mais était parvenu à s'échapper. Dans cette affaire, Anselmini est soupçonné d'avoir informé les ravisseurs de la présence d'une somme de 500.000 euros en liquide au domicile de la victime, provenant d'une vente immobilière.

Brouillé alors depuis un peu plus d'un an avec son ancien coéquipier de Lyon et Guingamp, Anselmini continuait en revanche à entretenir une relation extrêmement suivie avec sa femme, Aurélie Fiorèse, comme en témoignent leurs 16.800 messages ou appels échangés pendant les six derniers mois de 2012. "J'étais très, très proche d'elle", a décrit M. Anselmini à la barre, évoquant un "amour platonique".

Placé en détention entre mai 2013 et décembre 2014, il dit avoir vécu "dix-neuf mois de misère". "Quelque chose d'affreux: c'est chacun pour soi, c'est la jungle." En procédure de divorce, il est aujourd'hui manageur d'un club amateur à Lyon. A la barre, sa femme a décrit un homme "très gentil". "J'arrive pas à voir ce qu'on lui reproche, il est pas violent, il est pas méchant", a-t-elle dit en étouffant un sanglot.

Outre Anselmini, quatre hommes sont accusés d'avoir participé aux faits ou de complicité. Seuls deux des trois ravisseurs ont été identifiés, trois suspects ayant bénéficié d'un non-lieu. Le verdict est attendu le 19 janvier.

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