Ce dimanche 23 juin, le syndicat CGT transports organisait un pique-nique un peu particulier sur l'aire d'autoroute de l'Abis entre Grenoble et Chambéry. Autour du barbecue : des chauffeurs routiers de l'ouest mais aussi de l'est de l'Europe. Objectif : apaiser les tensions.
Habituellement, quand un chauffeur routier français ou italien rencontre un homologue polonais, bulgare ou lituanien, au mieux il l'ignore, au pire il lui jette un regard noir. "Ils nous piquent notre boulot" : voila résumé en quelques mots le pourquoi de leur ressentiment. Un ressentiment encore accentué par la crise. Alors en ce dimanche où les poids lourds sont contraints à l'arrêt, la CGT a décidé d'instaurer le dialogue. Un coin d'herbe sur une aire d'autoroute, quelques grillades et des interprètes : il n'en fallait pas plus pour que les langues se délient.
Et quand un routier polonais discute avec un routier français, ils ne se racontent pas des histoires de poids lourds mais ils décrivent leurs conditions de travail. Embauchés dans leur pays par des filiales de sociétés françaises ou italiennes, les chauffeurs de l'est partent pour plusieurs semaines travailler à l'ouest. Loin de leur famille pour un salaire deux à trois fois inférieurs à ceux de leurs collègues français, ils économisent leur frais de restauration et d'hébergement en mangeant et dormant dans leur camion. La réglementation européenne les autorise à travailler ainsi en contrat à durée déterminée.
