Des agriculteurs de Savoie ont pris sept photos d'une attaque de vautour sur un alpage vivant et en bonne santé. Mais les autorités refusent encore d'autoriser les agriculteurs à s'en prendre à cette espèce protégée.
La présence en nombre des vautours en Savoie est un fait. Les attaques de troupeaux de brebis et bovins en est un autre, dont se plaignent les éleveurs. Mais comment savoir si les rapaces tuent ou s'ils viennent seulement becter des animaux déjà morts ou en mauvaise santé ? Une preuve vient d'être remise à la préfecture.
Des agriculteurs de Savoie ont pris sept clichés dont au moins un "montre que des vautours se sont attaqués à des brebis en pleine santé", confirme la préfecture de Savoie.
Une preuve... insuffisante
L'Etat a réuni, vendredi 4 juillet, les syndicats, la Chambre d'agriculture, la Ligue de protection des oiseaux, la Direction départementale des territoires, et une vétérinaire indépendante.
La vétérinaire, "experte sur le sujet" selon la préfecture, a toutefois douché les espoirs des agriculteurs. "Elle a dit qu'une attaque comme ça, unique, ne suffit pas pour constituer une preuve scientifique", rapporte la préfecture.
La Direction départementale des territoires a proposé la création d'un observatoire, "pour pousser la réflexion". Le Conseil national de la protection de la nature, seule instance à pouvoir autoriser l'emploi de la violence comme autodéfense vis-à-vis des vautours, ne devrait donc pas être saisi avant l'automne.
Les agriculteurs prêts à prendre les armes
"Ca fait trois ans que l'on subit des attaques sur notre département", rappelle Luc Etellin, président du Syndicat Ovins 73. "Il nous faut des solutions avant l'été ! Alors nous avons quitté la réunion et prévenu le Préfet que nous rentrions protéger nos troupeaux par tout moyen à notre disposition."
"Là où des attaques de loup ont été constatées et si l'agriculteur a le permis, il a le droit de porter une arme. Alors maintenant, nous allons nous en servir pour effaroucher ou abattre les vautours."
Luc Etellin est sûr de son fait : "les mêmes faits ont été avérés dans d'autres régions françaises et une étude dans les Pyrénées a démontré que le vautour ne s'attaquait pas qu'aux malades et aux morts". Dès lors, il s'agit selon le syndicat de choisir entre un animal "dont la population est importante et devrait être régulée" et le travail des agriculteurs, cette "économie qui devrait primer sur certaines choses..."
La Préfecture espère de nouvelles réunions. Mais les agriculteurs ne veulent plus attendre. Le dialogue entre les intéressés a du plomb dans l'aile.