Coincés entre des conditions climatiques de plus en plus extrêmes et une baisse de la consommation de vin, les viticulteurs accumulent les embûches et les cessions d'activité se multiplient. Pour soutenir certains domaines de la région, la Confédération paysanne organise une vente de vin en ligne jusqu'au 10 décembre.
C'est une opération de soutien pour redonner un peu le sourire à des viticulteurs durement touchés : la Confédération paysanne Auvergne-Rhône-Alpes organise une vente de vin en ligne jusqu'au 10 décembre. Des productions du Beaujolais, de la Drôme, de l'Ardèche et de l'Ain.
Dérèglement climatique, baisse des ventes, surproduction : le trio infernal
Car pour les producteurs de vins, et les plus jeunes d'entre eux en particulier, les conditions d'exercice sont de plus en plus difficiles. Le marché se rétrécit, du fait de la baisse de consommation et de la concurrence des vins étrangers, et les aléas climatiques se multiplient.
Le syndicat agricole, promoteur d'une agriculture paysanne, pointe également la course à la productivité qui engendre hausse de coût et surproduction.
À tel point qu'en France, au 13 novembre, date de la clôture des candidatures pour l'arrachage des vignes, près de 5400 dossiers ont été déposés pour plus de 27 000 hectares.
En Auvergne-Rhône-Alpes, 1200 hectares de vignes devraient être arrachés pour 2024
Notre confrère d'information viticole en ligne Vitisphère précise qu'en Auvergne-Rhône-Alpes, ce sont 1200 hectares qui sont concernés. Un chiffre qui donne le tournis puisqu'il représente en une seule année la même surface arrachée qu'en 10 ans entre 2010 et 2020.
D'un point de vue climatique, cette année 2024 a été exceptionnelle : entre janvier et avril, il est tombé près de 350 mm de pluie sur le Beaujolais, soit deux fois plus que d'habitude. Juillet a aussi été particulièrement arrosé. Beaucoup d'eau et des températures élevées : ce sont les conditions idéales pour le développement des champignons comme le mildiou.
Les exploitations en bio et biodynamie particulièrement fragilisées par le climat
Une combinaison qui rend le métier de viticulteur très compliqué. Et c'est tout particulièrement vrai chez les exploitants qui conduisent leurs vignes en bio ou en biodynamie, pour qui le panel de solutions pour contenir les maladies liées à des champignons comme le mildiou est très limité.
Ainsi, Simon Pérot s'est installé en sud Beaujolais en 2019 sur 8 hectares de vignes conduites en biodynamie. Il a vécu une année 2024 catastrophique : 80% de pertes dues au gel et aux très fortes précipitations. Son exploitation est menacée.
Des conditions de production plus difficiles, des coûts à la hausse qui se répercutent sur les prix dans un contexte de demande en berne. Pour permettre à ces exploitants de passer un cap difficile, ce sont donc 18 domaines dont les vins sont proposés à la vente jusqu'au 10 décembre : 8 en Beaujolais, 5 dans l'Ain, 3 en Ardèche et 2 dans la Drôme.
Une opération calquée sur celle qui avait été planifiée lors des confinements de 2020. Avec l'espoir de permettre à ce modèle d'agriculture paysanne de prospérer malgré le dérèglement climatique, en créant des emplois et tout en respectant l'environnement.