La Croix de Savoie, peinte depuis des décennies sur une paroi de la montagne du Salève (Haute-Savoie), a été détournée en un drapeau de la Suisse probablement dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 mai. L'outrage a été réparé quelques heures après.
"C'est un beau défi physique. Mais un défi mental ? Ça, je ne sais pas." Dans le village de Collonges, en Haute-Savoie, la querelle de territoire qui se dessine sur le mont Salève, situé juste au-dessus du centre-bourg, prête à sourire.
Dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 mai, la Croix de Savoie, peinte depuis plus de cinquante ans, sur une des parois du Salève a été détournée en un drapeau suisse. Un acte intentionnel, avec une mention : celle de "Genève CH" inscrite en bas du pan rocheux.
Les deux drapeaux se ressemblent. Ils présentent tous les deux une croix blanche sur fond rouge. Mais en Savoie, les branches de la croix touchent les bordures, contrairement au drapeau suisse :
Des grimpeurs ou des inconscients ?
Alors qui se cache derrière ce détournement, considéré comme un outrage par certains Savoyards ? Nul n'a la réponse : personne n'a revendiqué cette action, que ce soit en France ou au bord du lac Léman, situé à une quinzaine de kilomètres de la montagne.
"Clairement, les gens qui ont fait ça ont de bonnes connaissances en alpinisme. Ou alors, elles sont totalement inconscientes", explique Anthony*, qui a participé dimanche à la restauration de la Croix de Savoie. "On était dimanche après-midi, tout était fermé. Donc, on a un peu galéré pour dénicher de la peinture. On a fini par en trouver de couleur blanche. Puis, on est allé directement rallonger cette croix dès le dimanche soir."
C'est un emblème de cette montage et il fallait qu'il soit restauré.
Anthony
Le tour de force a été réalisé en quelques heures et les 49 mètres carrés de peinture sont redevenus sous pavillon savoyard. "On est parti en expédition à quatre pour rallonger cette croix afin qu'elle passe de nouveau de suisse à savoyarde. Une personne est descendue en rappel pendant que les autres sont restés en bas pour lui transmettre le matériel de peinture. Ils se sont aussi occupés de la partie basse de la croix."
Un emblème
Pour Anthony, il était impossible de laisser ce drapeau suisse sur une montagne de Haute-Savoie. "Ce n'est pas une guerre contre Genève, on n'est pas allé peindre des croix de Savoie sur les bâtiments genevois. C'est une question de préservation de notre patrimoine. C'est un emblème de cette montagne et il fallait qu'il soit restauré."
Le détournement aura fait, au moins, sourire quelques randonneurs suisses rencontrés, ce jeudi sur les sentiers du Salève. "C'est bon enfant, c'est une petite guéguerre entre Genevois et Savoyards. Mais c'est pour rigoler, c'est comme entre les Valaisans et les Vaudois. Ce sont des guerres de territoire", raconte l'un deux.
Un de ses amis acquiesce. "C'est vrai qu'on a un peu l'impression que c'est chez nous ici. Mais on vous l'accorde : le Salève est en Haute-Savoie. Mais c'est notre terrain de jeu donc on s'y sent chez nous aussi, c'est pour ça qu'on l'appelle la montagne du Genevois."
*Le prénom a été modifié afin de préserver l'anonymat demandé par la personne