Dimanche 5 juin, le département de la Savoie a essuyé de violents orages et un déluge de grêle, notamment du côté de Montmélian. Dans ce secteur, 30 à 40% des vignobles auraient été détruits, selon les premières estimations.
"Toutes les feuilles sont transpercées, les raisins sont cisaillés", déplore André Genoux, viticulteur à Arbin.
Il n’a fallu qu’une quinzaine de minutes pour pulvériser des mois de travail. Peu avant midi ce dimanche 5 juin, de fortes chutes de grêle se sont abattues sur une partie du vignoble savoyard entre Montmélian, Saint-Pierre-d’Albigny et Arbin.
Selon les premières estimations, entre 30 et 40% des parcelles de vignes de ce secteur auraient été ravagées. "Cette parcelle de grand cru, on ne la vendangera pas malheureusement, regrette le viticulteur en montrant du doigt une parcelle aux feuillages déchiquetés par les grêlons. Les autres parcelles sont un peu moins impactées mais on peut imaginer 30 à 40% de pertes sur le domaine".
C’est un nouveau coup dur pour les vignerons savoyards, qui produisent des vins emblématiques du terroir comme l’Arbin Mondeuse ou le Chignin-Bergeron. En 2021, les vignes avaient déjà donné une petite récolte à cause d’un coup de gel destructeur et d’une maladie qui s’était répandue pendant l’été.
"L’année passée, ces parcelles ont été gelées à 100%, confirme Yvan Bouvet, président de la cave de Cruet, une coopérative qui rassemble 60 vignerons. Deux épisodes de suite, ça va être très compliqué financièrement car très peu de personnes sont assurées".
Cet épisode de grêle risque d’avoir des conséquences sur le long terme, car les pépiniéristes du secteur ont aussi été touchés. "On utilise les sarments de nos vignes sélectionnées pour greffer des plants, et là quand on voit les dégâts, on ne pourra pas fournir nos viticulteurs en plants de vigne en 2024" prédit Mickaël Bellemin, viticulteur à Fréterive.
Des dégâts dans toute la France
Les vignerons savoyards ne sont pas les seuls à avoir subi des dégâts. Dans les Landes et le Gers, des grêlons de plusieurs centimètres sont tombés sur une partie du vignoble d'Armagnac. "Ce couloir de grêle a suivi toute la frontière lando-gersoise et on estime entre 4 à 5000 le nombre d'hectares de vignes touchés et à plusieurs dizaines de milliers d'hectares les cultures impactées dans le Gers", a affirmé le président de la Chambre d'agriculture départementale, Bernard Malabirade.
"C'est l'année des superlatifs: la plus chaude, la plus sèche et maintenant avec le plus de grêle, déplore Christiane Lambert, la présidente du syndicat agricole FNSEA. L'accumulation, la multiplication et même l'addition de ces événements climatiques est déconcertante. Les filets anti-grêle sont impuissants face aux intempéries très intenses comme la France vient d'en connaître. Quand il s'agit de grêlons gros comme des balles de ping-pong ou de tennis, même les toits en tôle des bâtiments sont percés. Donc il n'y a pas de protection possible".
Face à la situation, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé ce lundi l'activation d'une série de mesures, dont l'étalement du remboursement des prêts garantis par l'Etat, pour soulager les exploitations agricoles touchées par l'épisode violent de grêle.