En Savoie, dans le Beaufortain, la via ferrata du Roc du Vent est sans doute l'une des plus belles de France. Exigeante, elle offre une vue panoramique sur le lac de Roselend et des passages vertigineux à 2300 mètres d'altitude. Une expérience à couper le souffle.
Une immense tache bleue bordée de roches et entourée de tapis verts où résonnent les cloches des vaches d'alpages et le sifflement du vent. A 2360 mètres d'altitude, le paysage qui se dessine sous les pieds des grimpeurs est époustouflant. La via ferrata du Roc du Vent tend un pont entre la roche et le ciel, en surplomb du lac de Roselend.
Mais pour accéder à ce site exceptionnel, il faut d'abord marcher pendant 45 minutes environ depuis le refuge du plan de la Lai, sur la route entre Albertville et Bourg-Saint-Maurice, à proximité du Cormet de Roselend.
Cette randonnée en plein cœur du Beaufortain et de ses alpages conduit au départ de la via ferrata à un peu plus de 2000 mètres d'altitude.
"C'est un peu la spécificité du Beaufortain, on n'est pas tout à fait en très haute montagne comme on pourrait l'être dans le massif du Mont-Blanc. Il y a des gens qui vivent à l'année ici, donc il y a des troupeaux et des alpages. C'est la spécificité, on partage le territoire entre tourisme et agriculture", indique Xavier Cailhol, notre guide.
"Avoir le pied montagnard" pour marcher sur la roche
Au pied d'une paroi rocheuse, il est temps de s'équiper de baudriers et de mousquetons pour débuter le premier tronçon de la via ferrata qui en compte quatre, pour une longueur totale de 850 mètres.
L'ascension commence à même la roche, aidée d'un câble disposé comme une ligne de vie sur le parcours.
"Ce n'est pas forcément très très technique physiquement parce qu'on n'est pas dans des falaises qui sont très très raides. Par contre, il y a pas mal d'endroits où il y a juste le câble, où ce n'est pas très aménagé et où il faut quand même faire un peu de l'escalade. Donc, il faut quand même avoir un pied montagnard assez sûr et être un peu à l'aise", poursuit Xavier Cailhol.
Passer en mode vertical
"Avoir de bonnes chaussures, c'est indispensable. On voit pas mal de monde qui vient avec des baskets, ça ne marche pas très bien, il faut avoir des chaussures de randonnée et il faut avoir de l'aisance sur les rochers", avertit le guide.
Avant de rejoindre la partie la plus ardue du parcours, quelques minutes de marche permettent de se rendre en surplomb du canyon du Rocher du Vent, une faille où persiste un névé.
Le parcours de la via ferrata se poursuit. "Il va falloir s'attacher parce qu'on va passer dans le milieu vertical", prévient Xavier Cailhol. "C'est vertigineux. Il y a du 'gaz', comme on dit".
Le pont de singe, point d'orgue de la via ferrata du Roc du Vent
Pour rejoindre le pont de singe, point d'orgue de cette via ferrata, il faut d'abord escalader la roche, à la verticale. Ici, des barreaux ont été soudés pour faciliter la progression. Mais ils sont finalement assez rares sur l'ensemble de l'itinéraire.
"C'est ce qui en fait aussi une via ferrata assez alpine, c'est le fait qu'elle soit assez peu aménagée et qu'il y ait pas mal de portions où il y a juste le câble. C'est un peu dans la tradition des via ferrata italiennes où on met juste un câble pour sécuriser la progression mais on ne met pas des barreaux partout pour avancer".
Pas le temps pour l'instant d'admirer les chocards à bec jaune, ou les martinets, la concentration est de mise pour ne pas se laisser happer par le vertige.
"On se sent tout petit"
"Quand t'es en haut, c'est vraiment canon", assure le guide.
Le grandiose se mérite. Une traversée de quelques dizaines de mètres au-dessus du vide sur un câble.
L'expérience est vertigineuse, la vue presque irréelle. Il faut avoir le cœur bien accroché et une bonne condition physique pour s'y aventurer. Mais une fois l'adrénaline redescendue, les grimpeurs se laissent submerger par une vague contemplative. La beauté du paysage et sa diversité coupent le souffle et l'envie de parler.
"On va avoir ces roches sédimentaires qui ont des millions d'années, le canyon, et en plus on retrouve des paysages glaciaires qui sont beaucoup plus récents. Cela nous remet à une place, à une petite échelle, en se disant qu'on est tout petit au milieu de tout cela", conclut Xavier Cailhol.
"La plus belle balade que j'ai jamais faite"
La vue panoramique sur le lac de Roselend mais aussi sur celui de Gittaz n'est, cependant, pas le cadeau réservé aux seuls adeptes de la via ferrata. Une randonnée permet d'accéder au Rocher du Vent à 2330 mètres.
"Incroyable, fantastique, merveilleux, sportif mais pas trop, juste ce qu'il faut pour vivre un moment intense" : cette touriste de la Rochelle n'en revient pas. "On monte et à chaque virage on découvre de la pierre, de la roche, le lac, de l'herbe, des fleurs. C'est vraiment à découvrir. C'est la plus belle balade que j'ai jamais faite", dit-elle.