VIDEO. "L'aventure est une très belle expression de l'amour de la vie", rencontre avec l'écrivain Sylvain Tesson

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Rencontre avec l'écrivain Sylvain Tesson autour de l'aventure et la montagne. ©FTV

L'auteur et aventurier Sylvain Tesson, maître de cérémonie du 26e Festival international du film aventure et découverte, qui s'est tenu du 17 au 20 avril à Val d'Isère (Savoie), revient sur son lien avec l'aventure et la montagne.

Il est un habitué des lieux. Non seulement des Alpes, mais aussi de la station de Val d'Isère, où il revient chaque année pour le Festival international du film aventure et découverte. À l'occasion de cette 26e édition, qui s'est déroulée du 17 au 20 avril, l'écrivain-voyageur revient sur son rapport avec l'aventure et la montagne.

"France 3 Alpes : Qu'est-ce qui vous pousse à revenir chaque année à Val d'Isère pour présenter ces films d'aventure et de découverte ?

Sylvain Tesson : Je suis très en admiration devant les aventuriers qui, chaque année, viennent présenter leur film. C'est une très belle expression de l'amour de la vie, l'aventure. Qu'est-ce que c'est que l'aventure ? C'est une espèce d'élan qui vous conduit à avoir foi en vous-même, mais aussi à avoir foi dans le monde.

Il n'y a aucune vision hostile ou angoissée de la mer, de la montagne, de la jungle ou des profondeurs spéléologiques chez les aventuriers. C'est ça que je viens chercher ici.

Dans l'aventure, il n'y a pas que des exploits physiques. Il y a quelque chose derrière, peut-être une quête ?

Dans l'aventure, il y a la dimension physique : l'exploit de l'alpiniste, du skieur de pente raide, du marin hauturier qui part dans des courses transatlantiques, du spéléologue... Mais aussi de la découverte. C'est-à-dire l'envie, à un moment, de faire progresser le savoir. Ou bien alors l'envie de s'arracher à soi-même, de pousser ses limites par exemple.

La vie est courte. Elle est un peu absurde, parce que l'on ne sait pas d'où on vient et on ne sait pas quand elle se terminera. Alors il faut tout donner pour essayer de vivre une vie qui ressemble à ses rêves.

Sylvain Tesson

Par exemple, dans la sélection de cette année, il y a un film (...) sur les éleveurs mongols, qui sont confrontés au problème des ours, qui descendent de Sibérie dans les villages et qui créent un problème parmi les éleveurs. Là, on est plus dans une sorte de dimension ethno-graphique du voyage. Puis, parallèlement, nous avons un jeune Léo Taillefer, une figure de Val d'Isère, qui parle tellement bien du speed-riding et du ski de pentes raides et qui vient montrer ses exploits.

Il y a ces deux dimensions. Mais, c'est la même chose. Il s'agit de dire que la vie est courte. Elle est un peu absurde, parce que l'on ne sait pas d'où on vient et on ne sait pas quand elle se terminera. Alors il faut tout donner pour essayer de vivre une vie qui ressemble à ses rêves.

La vie dans la ville est de plus en plus encadrée. Et pourtant, les aventuriers continuent de fasciner de plus en plus. On veut toujours voir des exploits, et des choses différentes...

Il y a peut-être un rapport proportionnel entre le goût général pour les exploits physiques et la société qui devient de plus en plus maternante. Bientôt, de notre vivant, on nous demandera de porter un casque pour marcher sur les trottoirs. Puis, il y aura des limitations de vitesse pour les joggeurs. C'est en train d'arriver, ça s'appelle l'encerclement bureaucratique.

Peut-être que, par un effet proportionnel, comme une soupape de sécurité, comme une envie de savoir et de s'imaginer qu'il y a encore un rêve possible et une issue de secours, on accorde beaucoup d'attention aux exploits des aventuriers. C'est possible, je ne suis pas sûr. Je ne suis pas un sociologue, mais il est possible qu'il y ait un rapport proportionnel.

Nous sommes à Val d'Isère avec du blanc tout autour, comme le nom de votre dernier livre (Blanc, édition Gallimard). Vous êtes là pour retrouver ce blanc et sa pureté ?

Non, je ne suis pas venu ici pour retrouver ce que j'aime, c'est-à-dire la substance blanche. Je suis un familier de la montagne, j'aime la montagne. C'est mon écosystème. Je crois que, chez l'homme, il y a une sorte de passion tout à fait singulière qui distingue les uns et les autres pour un environnement. Il y a des gens de la mer, des gens de la montagne et des gens de la plaine... Je crois beaucoup à ça. Je crois que les paysages nous impriment profondément.

Quand on fait du ski de randonnée, on a vraiment l'impression de glisser dans ses pensées. C'est une expérience intérieure.

Sylvain Tesson.

Moi, c'est la montagne. C'est le blanc. Je trouve que, quand le monde est sous la neige, il devient plus beau. Ce n'est pas vraiment une surface le blanc, même si l'on parle de manteau neigeux. C'est plus que ça pour moi : c'est une substance. C'est quelque chose qui vous envahit totalement, mentalement et spirituellement, même.

Quand on fait du ski de randonnée, on a vraiment l'impression de glisser dans ses pensées. C'est une expérience intérieure."

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