Difficile d'imaginer une saison de ski alpin sans les moissons de victoires de Marcel Hirscher. Le numéro un mondial devrait pourtant annoncer mercredi 4 septembre 2019 la fin de sa carrière après huit sacres d'affilée qui l'ont fait entrer au panthéon de son sport.
Pour la presse autrichienne qui suit le champion national à la semelle, l'affaire est entendue: Hirscher, 30 ans, a pris la décision de quitter le cirque blanc qu'il domine insolemment depuis 2012 et officialisera son départ mercredi lors d'une conférence de presse.
"Merci Marcel", saluait dès ce week-end le Kronen Zeitung, premier journal du pays et sponsor de la Fédération autrichienne de ski (ÖSV), qui assure avoir été mis dans la confidence.
Formellement, la conférence de presse du roi du slalom à Salzbourg, sa région d'origine, porte l'intitulé un rien compassé de "Rétrospective, aperçu et perspectives".
Sa diffusion en direct et en prime time sur la télévision publique laisse toutefois peu de doute sur une fin de carrière que Marcel Hirscher a déjà maintes fois évoquée depuis un an. L'horaire du premier grand débat télévisé entre les chefs des partis candidats aux législatives autrichiennes du 29 septembre a même été décalé pour ne pas coïncider avec son intervention.
"Bien sûr, c'est une décision très, très difficile pour Marcel. Peu importe ce qu'il décide, je sais que le ski professionnel, c'est sa vie, sa passion", explique à l'AFP Hans Pum, ancien directeur sportif de l'ÖSV.
"Il n'a rien laissé au hasard. Il a tout fait avec un engagement total", ajoute M. Pum.
Imbattable
Après douze saisons sur le circuit, Hirscher a tout gagné et peut prétendre au titre de meilleur skieur de l'histoire grâce à ses huit victoires au classement général de la Coupe du monde, ce que personne n'a réalisé avant lui (le Luxembourgeois Marc Girardelli s'était arrêté à cinq, l'Autrichienne Annemarie Moser-Pröll à six).
A cela s'ajoutent deux titres de champion olympique (slalom et combiné alpin) en 2018 à Pyeongchang (Corée du Sud), cinq titres de champion du monde (trois en slalom, un en combiné alpin et un en slalom géant) et six petits globes (Coupe du monde de la spécialité) de slalom et autant en slalom géant.
Dans sa carrière, il a remporté 67 courses de Coupe du monde, échouant face à la marque du Suédois Ingemar Stenmark (86), la référence absolue jusqu'à présent.
Cette course au record de Stenmark ne devrait pas suffire à retenir le champion pour une saison de plus, alors que les prochaines échéances importantes (Championnat du monde en 2021, JO en 2022) semblent trop lointaines pour constituer un objectif motivant.
Déjà, après les Jeux de Pyeongchang en 2018, Hirscher s'était montré hésitant sur la suite de sa carrière. Il avait de nouveau exprimé sa lassitude au printemps, indiquant qu'il trancherait durant l'été puis repoussant une première annonce prévue fin juillet.
"Comme vous pouvez l'imaginer, prendre une décision n'est pas facile", écrivait alors celui qui a été programmé très jeune pour devenir un maître des pistes, souvent décrit comme une machine à gagner.
Et après ?
Victime fin août 2017 d'une fracture à une cheville à la reprise de l'entraînement, convalescent durant deux mois, Hirscher n'en avait pas moins écrasé la concurrence au classement général et réalisé l'une de ses meilleures saisons.
Sa dernière course à domicile, sur le slalom nocturne de Schladming en janvier, a rassemblé près de deux millions de téléspectateurs en Autriche, pays de 8,8 millions d'habitants où le ski est le roi des sports.
"J'ai fini la saison très fatigué. Je veux voir comment je vais me régénérer (...) Je sens que j'ai 30 ans et plus 18", expliquait-il deux mois plus tard.
Devenu père il y a un an, le brun châtain, regard bleu acier au gabarit modeste (1,73 m, 75 kg) a également manifesté le désir de retrouver un rythme de vie plu tranquille que la discipline de fer du haut niveau.
Skieur au style explosif, Hirscher est une personnalité discrète. Il loue le temps passé en famille dans ses montagnes d'Annaberg, cultive une passion pour la moto et n'a pas évoqué de projets pour une vie après le ski.