Les chercheurs de l'Institut de Planétologie et d'Astrophysique de Grenoble sont très impliqués dans la mission Rosetta en raison de la mise au point d'un sondeur radar et d'un instrument capable d'étudier la surface et l'atmosphère de la comète Tchouri. Des instruments embarqués dans Philae.
Le grand jour est arrivé pour le petit robot Philae, passager depuis plus de dix ans de la sonde spatiale européenne Rosetta: il va tenter, ce mercredi 12 novembre, le premier atterrissage de l'histoire sur le noyau d'une comète.
L'équipe de planétologie de l'IPAG, l'Institut de Planétologie et d'Astrophysique de Grenoble est fortement impliquée dans la mission Rosetta, notamment au travers du développement des instruments CONSERT et VIRTIS, embarqués dans l'atterrisseur Philae.
Le sondeur radar CONSERT, composé d'un émetteur-récepteur à bord de l'atterrisseur et d'un second embarqué sur la sonde Rosetta, va envoyer des ondes radio au travers de la comète afin d'étudier les propriétés internes du noyau. CONSERT a été construit par un consortium international coordonné par l'IPAG. Il est piloté depuis Grenoble par l'équipe scientifique et technique, qui définit les séquences de mesure à mener autour de la comète. L'analyse scientifique des données obtenues sera effectuée à l'IPAG en collaboration avec une équipe internationale.
L'instrument VIRTIS va, lui, procéder à des observations de spectro-imagerie sur la comète afin d'en étudier la surface et l'atmosphère.
Une certaine fierté pour les chercheurs grenoblois.
Interview
Largage de Philae
Le feu vert final à cette prouesse technique, qui va se dérouler à 511 millions de kilomètres de la Terre, a été donné et Philae a pu être largué à 10 heures, heure française, sur la bonne trajectoire de descente vers la comète Tchourioumov-Guérassimenko, surnommée "Tchouri" par les scientifiques.Philae descend en chute libre vers Tchouri, parcourant les 20km qui le séparent de sa cible en environ sept heures. "Le point le plus critique est l'atterrissage lui-même", souligne Stephan Ulamec, responsable de l'atterrisseur Philae au DLR (agence spatiale allemande).
L'atterrissage est attendue en milieu d'après-midi. Un événement à suivre sur alpes.france3.fr
Récit Cédric Lepoittevin
Défi technique
Le défi technique n'est pas mince, même si Rosetta a jusqu'ici parfaitement fonctionné, parcourant 6,5 milliards de km depuis son lancement en 2004 pour rejoindre Tchouri, dans un environnement particulièrement rude.Les trois longues jambes de Philae, restées pliées pendant plus de 10 ans, vont-elles se déployer correctement? Le robot ne va-t-il pas arriver sur une partie trop accidentée d'"Agilkia", la zone d'un km2 choisie pour l'atterrissage par les scientifiques. Car si Agilkia est le secteur le moins risqué, il est loin d'être parfait.
La principale crainte des ingénieurs est que Philae, qui pesait 100kg sur Terre, mais seulement un gramme dans l'espace, ne rebondisse au contact du sol cométaire. Il a donc été conçu pour être à la fois plaqué au sol par l'émission d'un gaz et s'ancrer en profondeur grâce à deux harpons. Le problème, c'est que les scientifiques ne connaissent pas la nature du terrain et ne peuvent exclure que Philae s'enfonce au contraire dans un sol mou.
Une fois Philae sur la comète, il faudra encore que la liaison avec Rosetta, qui lui servira de relais avec la Terre, fonctionne. "On sait bien que c'est une entreprise risquée, mais l'enjeu est tellement fort", explique Jean-Pierre Bibring, responsable scientifique de l'atterrisseur. "Nous sommes plus impatients qu'inquiets", ajoute l'astrophysicien.
Philae condamné à mourir "de chaud"
L'enjeu n'est rien de moins que de tenter de remonter aux origines du système solaire, voire de comprendre l'apparition de la vie sur Terre. Si tout se passe comme prévu, le petit robot et ses 10 instruments se mettront immédiatement au travail pour un programme scientifique intensif de deux jours et demi, Philae fonctionnant alors sur ses piles. Au-delà, c'est un second système de batterie rechargeable par des petits panneaux solaires qui prendra la relève.Philae devrait fonctionner jusqu'en mars, condamné à mourir "de chaud" quand la comète se rapprochera du soleil. Mais, quel que soit le sort du petit robot téméraire, l'aventureuse Rosetta poursuivra son escorte de la comète au moins jusqu'à ce qu'elle passe au plus près de l'astre, en août prochain.