Une plainte pour "escroquerie" et "détournement de fonds publics" a été déposée à la suite de soupçons de fraudes de la part de moniteurs de ski ESF. Plusieurs de ces structures auraient procédé à des "manipulations" dans le but de toucher davantage d'aides de l'Etat.
Un syndicat de professionnels de la montagne a porté plainte devant le Parquet national financier (PNF). En cause, des soupçons de fraudes au fonds de solidarité de la part de moniteurs de ski. Le jeune syndicat interprofessionnel de la montagne (SIM-CFDT) reproche à plusieurs Ecoles du ski français (ESF) des "manipulations comptables" visant à tirer au maximum profit des aides publiques dont bénéficient les moniteurs, travailleurs indépendants.
Le président du syndicat Yannick Vallençant assure avoir envoyé lundi 15 mars au PNF une plainte contre X pour "escroquerie" et "détournement de fonds publics". Il indique avoir alerté à plusieurs reprises le gouvernement, sans réponse pour l'instant. Selon lui, ce "système hors de contrôle de distribution d'argent public" dont bénéficient les moniteurs de ski - quasi-privés d'activité faute de remontées mécaniques ouvertes - a pris deux formes différentes, ainsi que l'avait déjà écrit Mediapart.
En mars 2020, avance M. Vallençant, des ESF locales, dont celle de l'Alpe-d'Huez (Isère), auraient décalé après le confinement le paiement des honoraires qui devaient être payés aux moniteurs, afin que ces derniers déclarent, sur ces premiers mois du confinement, un revenu égal à zéro. Ce qui leur a permis de bénéficier de l'aide de 1 500 euros.
"Compte tenu de la forte discipline interne au sein du SNMSF, il apparaît peu vraisemblable que seules deux écoles de ski locales aient mis en place cette fraude, de leur propre chef", écrit Yannick Vallençant dans sa plainte. L'ensemble des aides versées aux moniteurs de ski et à leurs structures depuis mars 2020 pourraient atteindre 400 millions d'euros, "dont une bonne part (restant à déterminer précisément) d'origine douteuse voire frauduleuse", est-il ajouté.
"Rien d'illégal"
Le second grief du président du SIM-CFDT concerne des ESF qui "auraient décidé de faire travailler leurs moniteurs durant l'hiver 2020-2021 sans les rémunérer", afin qu'ils bénéficient des aides et que l'ESF encaisse directement le revenu des quelques cours dispensés. Le Syndicat national des moniteurs du ski français (SNMSF), qui patronne les ESF locales, reconnaît "peut-être" un "point discutable" sur le premier grief et assure ne "pas avoir la capacité de surveiller toutes les écoles."
Sur le second reproche, le SNMSF le reconnaît et "l'assume" : il a conseillé à ses structures locales de monter leur taux de cotisation des moniteurs à 100% afin de financer ces ESF locales. Ce qui maintient à zéro les revenus des moniteurs, qui vivent ainsi du fonds de solidarité tout en travaillant. "Il n'y a rien d'illégal là-dedans", assure son directeur général Jean-Marc Simon.
Dans les ESF, quasi à l'arrêt faute de remontées mécaniques, c'était "sauve qui peut", estime le président du SNMSF Eric Brèche. "On n'avait pas de rentrée d'argent" et il fallait "protéger le collectif", avance-t-il. Le SNMSF assure "faire un point d'honneur à travailler en toute transparence". "Ce n'est pas aujourd'hui qu'on va s'amuser à faire la promotion de solutions foireuses qui mettraient en cause l'image de marque de l'ESF", relève Jean-Marc Simon.