Deux frères, qui veulent à tout prix empêcher le suicide assisté de leur aîné octogénaire, ont attaqué en justice en Suisse l'association Exit, qui s'occupe des suicides assistés.
Une plainte a été déposée contre Exit, qui a fait l'objet d'une audience lundi devant le Tribunal civil de Genève. Selon le président d'Exit-Suisse romande, le Dr Jérôme Sobel, c'est la première fois que des membres de la famille attaquent en justice la volonté de l'un des leurs d'avoir recours au suicide assisté.
Les deux hommes s'opposent à la volonté déclarée de leur frère aîné, âgé de 82 ans, d'en finir avec la vie, avec l'aide d'Exit. L'homme prévoyait de mourir le 18 octobre. Il en a informé ses cinq frères et soeurs, et deux d'entre eux ont décidé de saisir la justice.
Sa volonté d'en finir a été suspendue par une décision de justice, en attendant l'issue de l'audience de lundi, dont une grande partie s'est tenue à huis clos, en présence des 3 hommes, ainsi que des représentants d'Exit.
L'octogénaire dispose-t-il de son libre arbitre ?
Selon les deux frères, l'octogénaire souffre d'une dépression passagère, et ne dispose pas de son libre-arbitre. Sa volonté de recourir au suicide assisté ne peut donc pas être acceptée par Exit, a indiqué leur avocat.
De son côté, Exit a plaidé que l'homme, qui est membre de son organisation depuis 1995, souffrait de "polypathologies invalidantes liées à l'âge", ce qui permet d'avoir recours selon elle au suicide assisté.
Les plaignants s'en prennent aussi au traitement du dossier par Exit. L'association reconnaît que l'homme est alerte et que sa fin de vie n'est pas proche. Dans une lettre, le veuf fait toutefois état de souffrances psychiques et physiques "intolérables".
Cependant, selon l'avocat des plaignants, l'homme "n'a pas été évalué par un psychologue et aucun travail psychothérapeutique ne lui a été proposé". Toujours selon leur avocat, en cas de décès de leur frère, les deux frères pourraient demander des indemnités pour tort moral à Exit.
"Droit de mourir" contre "droit à l'affection"
L'avocat d'Exit, Me Yves Grandjean, a demandé le rejet de la requête des frères. Selon lui, deux droits s'affrontent: le droit de mourir et le droit à l'affection. "Le premier a un poids beaucoup plus grand", a-t-il déclaré. Le verdict sera rendu dans trois mois maximum. Dans l'intervalle, l'interdiction faite à Exit de prescrire la potion létale à l'octogénaire reste en vigueur.
L'aide au suicide, sans but lucratif est tolérée en Suisse, mais à certaines conditions. Dans le cadre d'un suicide assisté, la personne ingère elle-même la dose létale, precrite par un médecin de l'association.