Suisse : les milieux évangéliques dénoncent une "chasse aux sorcières" du canton de Genève après l'interdiction des baptêmes dans les eaux du Léman

Les baptêmes dans les eaux du lac Léman, pratiqués par deux paroisses évangélistes, ont été interdits par le canton de Genève. Toute manifestation cultuelle doit se dérouler "sur le domaine privé" au nom du principe de laïcité, font valoir les autorités cantonales.

Les milieux évangéliques dénoncent une "chasse aux sorcières". Les débats sur la laïcité ont été ravivés en Suisse après une décision du canton de Genève interdisant les baptêmes organisés par deux paroisses locales dans les eaux du lac Léman depuis le 8 juillet.

"C'est un abus d'autorité", dénonce Jean-François Bussy, président de la Fédération évangélique du canton de Vaud voisin, où les baptêmes sont toujours autorisés. "On n'a eu aucune plainte dans le canton de Vaud, qui est beaucoup plus libéral à ce niveau que Genève, qui à mon avis applique une laïcité intégriste et une chasse aux sorcières assez détestable", accuse le président de cette branche du Réseau évangélique suisse, qui revendique environ 40 000 membres en Suisse romande.

Avec Neuchâtel, Genève est l'un des deux seuls cantons laïcs de Suisse. La séparation de l'Eglise et de l'Etat y est inscrite dans la loi depuis 1908. Genève est pourtant célèbre pour avoir accueilli le théologien français Jean Calvin en 1536, qui fera de cette cité un haut lieu de la Réforme protestante, et dont la monumentale statue trône toujours sous les murs de la vieille ville.

"Le baptême est un culte", indiquent de leur côté les autorités cantonales, alors que le canton "a instauré le principe selon lequel la manifestation cultuelle se déroule sur le domaine privé", excluant les rives et plages publiques du lac Léman.

Pratiques contestées

"Seules les organisations admises à avoir des relations avec l'Etat peuvent demander à ce qu'une manifestation religieuse cultuelle soit autorisée sur le domaine public", et les deux paroisses évangéliques n'en font pas partie, complètent-elles.

Pour figurer sur la liste, ces organisations doivent notamment s'engager à exclure les actes de violence physique ou psychologique, les abus spirituels ainsi que les discriminations sur la base de l'origine ethnique ou nationale et de l'identité sexuelle et de genre.

Jean-François Bussy reconnaît que certaines paroisses évangéliques ont eu recours "il y a deux ou trois décennies" à des "thérapies de conversion", qui prétendent guérir l'homosexualité et sont en cours d'interdiction dans plusieurs cantons.

"Ça n'a rien à voir", argumente-t-il, ajoutant que le réseau évangélique suisse "s'est positionné très clairement contre." Selon lui, "on ne sait pas très bien ce qui motive l'autorité cantonale à interdire les manifestations de ce style qui ne contreviennent pas à l'ordre public", constituant un exemple "pacifique d'une pratique religieuse louable."

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