Un taux "exceptionnel" de patients souffrant de la maladie rare neurodégénérative de Charcot a été constaté dans deux petites communes de l'Isère et de la Savoie. Un phénomène révélé, ce mercredi 22 janvier, par France Bleu Isère.
A Saint-Ismier, commune iséroise de 6500 habitants, une "dizaine" de personnes ayant contracté cette maladie mortelle, qui dégrade progressivement la motricité des muscles du corps, ont été recensées en 10 ans, selon le CHU de Grenoble. "Il s'agit d'une incidence anormale de cas compte-tenu des statistiques", a dit le Dr Gérard Besson, responsable du service de neurologie du CHU.
Reportage Faïza Garel et Dominique Bourget
Intervenants : Maxime Girard, Association pour la Recherche sur la SLA; Docteur Gérard Besson, Responsable Neurologie CHU de Grenoble; Olivier Veran, Député de l'Isère
L'incidence de la maladie de Charcot (ou sclérose latérale amyotrophique) est de 1,5 nouveau cas par an et pour 100.000 habitants, selon la coordination des centres et des réseaux de prise en charge de cette maladie. A Saint-Ismier, "il est observé un nombre de cas exceptionnellement élevé sans que nous sachions pourquoi. Ces malades n'ont pas d'autres liens entre eux que des habitudes de vie", commente le député PS de l'Isère, Olivier Veran, par ailleurs neurologue, qui a été sollicité pour mobiliser les autorités. "Le risque de contracter cette maladie apparaît sur cette commune entre deux et cinq fois supérieur à la moyenne", ajoute-t-il.
Intervenants : Maxime Girard, Association pour la Recherche sur la SLA
Même interrogation en Savoie
Dans le hameau de Montchavin, sur la commune de Bellentre, près de La Plagne, le risque de contracter cette maladie serait même vingt fois plus élevé que la moyenne, selon France Bleu Isère. "Ces constats ont été signalés aux autorités de veille sanitaire, qui ont débloqué des fonds pour tenter de mettre au point une technique capable de déceler la cause. Aucun élément ne nous permet à l'heure actuelle de tirer des conclusions", précise le Dr Gérard Besson, qui mène actuellement plusieurs études sur le sujet.
"Nous travaillons sur plusieurs hypothèses. L'origine n'est pas génétique car ce ne sont pas des endroits où les gens sont consanguins. Par ailleurs, la probabilité que ce soit un hasard est faible. La cause est probablement environnementale", souligne Gérard Besson. Ce dernier se veut toutefois prudent quant à l'interprétation de ce constat. "Il ne s'agit que d'une surincidence basée sur des statistiques, et il y en a d'autres en France. Nul besoin de faire peur à la population de ces communes. Nous ne parlons pas d'une épidémie. La maladie de Charcot reste une maladie rare", précise-t-il.
Contactée à plusieurs reprises, l'Agence régionale de santé (ARS) de Rhône-Alpes n'a pas été en mesure, ce mercredi, de confirmer ces informations.