Mardi 13 avril, le ministère du Travail a annoncé que les saisonniers récurrents pourraient bénéficier du chômage partiel jusqu’en juin afin de "préparer sans délai la reprise d'activité". Une bonne nouvelle pour le secteur du tourisme dans les Alpes, durement éprouvé cet hiver.
L’annonce d’Elisabeth Borne, ministre du Travail, concerne entre 100 000 et 150 000 travailleurs saisonniers. Les entreprises employant des "travailleurs saisonniers récurrents" pourront les placer en chômage partiel et bénéficier des aides afférentes jusqu'à la fin du mois de juin afin de "préparer sans délai la reprise d'activité".
Pour que les entreprises soient prêtes pour la saison d'été que les Français attendent, elles peuvent dès maintenant embaucher leurs saisonniers habituels et les placer en activité partielle. Elles protègent ainsi leurs salariés, en préparant à la reprise.https://t.co/gYLx8AIWZn
— Elisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) April 13, 2021
L'objectif est de permettre aux entreprises de "recourir à l'activité partielle pour les contrats saisonniers si le niveau d'activité se situait à un niveau inférieur à celui attendu" et donc en fait de les encourager à embaucher.
"On attendait cette avancée avec impatience, se félicite Daniel Van Den Heuvel, président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie des Deux Savoie. Jusqu’à présent, on n’avait pas le droit de mettre au chômage partiel quelqu’un qu’on venait d’embaucher. C’était donc très compliqué pour le monde de la montagne de préparer la saison estivale avec autant d’incertitudes. Là, ça permet de débloquer une situation compliquée pour l’embauche".
?Cette information apporte une clarification attendue par les professionnels saisonniers d’été. «Notre demande a été entendue par la Ministre.Nos professionnels et les salariés vont pouvoir se projeter un peu plus vers la saison à venir» @tgregoireumih,président UMIH Saisonniers https://t.co/56q11xBWnN
— UMIH (@UMIH_France) April 13, 2021
Un dispositif déjà connu des stations de montagne
Ce dispositif avait été activé pour les travailleurs saisonniers des stations de montagne, permettant de "limiter l'effondrement des embauches, malgré la fermeture des remontées mécaniques sur l'ensemble de la saison". Selon le ministère du Travail, "en moyenne, entre décembre 2020 et février 2021, 28.000 personnes étaient en contrat saisonnier chaque mois. 56% d'entre elles ont été placées en activité partielle".
La recours à l'activité partielle sera autorisé pour les travailleurs saisonniers disposant "soit d'un contrat de travail renouvelé au titre de l'obligation de renouvellement prévue par une convention collective et/ou dans une clause de leur contrat de travail" et ayant travaillé pour le même employeur l'année dernière; "soit d'un renouvellement tacite d'un contrat saisonnier pour la même période, matérialisé par l'existence d'au moins deux contrats successifs".
La mesure prévoit une prise en charge à 100% par la solidarité nationale de la rémunération versée aux salariés en chômage partiel dans les secteurs protégés (tourisme, culture, sport...), avec donc un reste à charge nul pour les entreprises.
Les saisonniers d'altitude concernés ?
Avec le retour des beaux jours, beaucoup de professionnels du tourisme installés sur les côtes françaises se félicitent de cette annonce. "En montagne, nous sommes concernés autant que les autres, assure Daniel Van Den Heuvel. On a tous des saisonniers à embaucher, notamment autour des lacs de Savoie. C’est un bon signe d’aide du gouvernement qui prend en compte certaines de nos demandes".
Mais Alexandre Maulin, président des Domaines Skiables de France, n’est pas aussi enthousiaste. "En montagne, nous embauchons nos saisonniers surtout au mois de juillet. Cette annonce n’est pas vraiment adaptée à nos besoins. Nos structures ont besoin d’accompagnement jusqu’à la fin de l’année, car nous n’aurons pas d’activité avant décembre 2021. Et au-delà des saisonniers, nous avons aussi des permanents qui ont besoin d’aide".
De son côté, la ministre du Travail espère "qu'il y aura plusieurs dizaines de milliers de saisonniers qui seront effectivement embauchés". Un budget de plus de 200 millions d’euros a été débloqué pour financer cette activité partielle.