Le jour préféré des plaisantins arrive avec le 1er avril : poisson accroché dans le dos, farces en tout genre, les blagueurs ont une journée pour s’en donner à cœur-joie. Mais d’où vient la tradition du poisson d’avril ? Une spécialiste des fêtes et traditions nous répond.
Le 1er avril est, par tradition, le jour des blagues. Poissons accrochés dans le dos, farces et attrapes, chez les écoliers et même chez les plus grands, chacun y va de sa plaisanterie. Selon la spécialiste des fêtes Nadine Cretin, les origines du poisson d’avril restent floues : « C’est une tradition qui est assez obscure, il y a plusieurs hypothèses. » Selon elle, il pourrait s’agir d’une année qui se renouvèle : « C’est l’avènement du printemps qui arrive, c’est tout à fait semblable aux dernières journées de l’année. Ce sont des journées carnavalesques, où le petit devient grand, comme au carnaval ou à la fête des fous. » Elle précise : « La fête des fous, au Moyen-Age, c’était une personne sotte, un peu arriérée qui était mise à l’honneur. On mettait à l’honneur un roi éphémère qui était généralement un petit. On retrouve un peu cette fonction le 1er avril, le plaisantin va gagner par rapport à la personne en face, le petit qui accroche un poisson dans le dos de l’adulte ». Pour Nadine Cretin, cela pourrait également être associé à des étrennes données à cette période.
La tradition du "risus paschalis"
Le début de l’année, longtemps célébré le 25 mars, faisait de la période du 1er avril une période de rire et de joie pour la spécialiste : « Il y avait une journée, comme les Grecs le faisaient déjà, où on s’amusait. C’était un soulagement après l’hiver. De même, les prêtres avaient le droit au moment de Pâques ou de la Pentecôte, de se ménager un moment de « risus paschalis », de rire pascal. C’était un moment où on pouvait faire quelques plaisanteries pour amuser l’assemblée ». La tradition d’accrocher quelque chose dans le dos d’une autre personne pourrait, elle, venir de plus près : « Au XIXème siècle, on accrochait dans le dos des personnes à la mi-carême des scies en papier et on appelait ça « scier la vieille ». On fendait le carême, la vieille c’était la vieille année. C’est une journée de pause », explique Nadine Cretin.
Impossible de dater le 1er avril
Pour Nadine Cretin, le carême est également lié à l’origine du poisson : « La signification du poisson, c’est se moquer des institutions et notamment de l’Eglise qui imposait de manger maigre pendant carême. C’est un symbole aussi d’amours illicites comme le maquereau ou la morue. » Bien souvent, on veut que la tradition du 1er avril ait été instituée en 1564 : « C’est sans doute antérieur mais en 1564, Charles IX a institué le nouveau début d’année au 1er janvier. On dit communément qu’avant, l’année commençait au 1er avril et que donc le poisson d’avril est le reste d’anciennes étrennes. On a dit que c’était là mais en réalité c’est peut-être plus ancien, on ne peut pas le dater précisément comme on le fait très communément », affirme Nadine Cretin.
Une tradition vivante et répandue
Le poisson d’avril est une coutume encore très suivie en France. Dans les écoles, dans les entreprises, les plaisanteries vont bon train. « C’est une journée qui est très connue des enfants, qui accrochent des poissons dans le dos de leur maître. Des journalistes annoncent des nouvelles assez incroyables et on saura le lendemain que c’était une plaisanterie donc c’est encore assez réputé », souligne Nadine Cretin. Sous d’autres noms et d’autres formes, plusieurs pays partagent une tradition similaire : « En Angleterre, il n’y a pas d’histoire de poisson, mais c’est « april fool day », le jour des plaisanteries. En Suède, un dicton dit « Avril, avril, stupide hareng, si je te prends, je te fais marcher comme je l’entends. » En Espagne, c’est le jour des Saints Innocents, le 28 décembre ». Comme chaque année, le 1er avril, surveillez vos arrières et gare aux plaisantins !