Elle était prévue en 2021, puis à l'été 2022. La mise en service du second tube de circulation du tunnel du Fréjus ne s'effectuera qu'à l'automne 2023. La pandémie de Covid et les difficultés d'approvisionnement en matières premières ont retardé l'achèvement des travaux. Un contretemps qui tombe plutôt mal à l'heure où le tunnel du Mont Blanc s'apprête à fermer lui aussi, pour travaux.
"Les discussions financières avec les entreprises battent leur plein en ce moment", avoue de son bureau de Modane, en Savoie, Alain Chabert, le directeur général de la SFTRF (Société Française du Tunnel Routier du Fréjus). En cause : l'augmentation exponentielle du coût des matières premières employées dans la construction du second tube du tunnel du Fréjus.
Le percement, qui a commencé en 2009 côté français, s'est achevé 5 ans plus tard. A l'heure actuelle, l'aménagement des 12 kilomètres de l'ouvrage est terminé : un long tapis de goudron, une voûte éclairée, 34 abris de sécurité de 100 mètres carré chacun ont été réalisés ainsi que 5 galeries de liaison entre le tube historique du tunnel et son "frère cadet".
Acier et semi-conducteurs manquent à la pelle
"Outre la phase de tests de fin de chantier, et l'autorisation de la Commission Intergouvernementale franco-italienne, l'essentiel des gros travaux qui restent à faire se situe à l'entrée du second tube, côté italien", explique Alain Chabert.
A l'autre bout du tunnel, sur la plateforme italienne, c'est une immense usine de ventilation dont il reste à achever la démolition. "Cela devrait être terminé fin octobre 2022", selon le directeur général de la SFTRF. Un passage obligé puisque, côté italien, l'ancienne usine bouche l'entrée du nouveau tube.
Une entrée italienne doit ensuite être prolongée par un faux tunnel d'environ 150 mètres de long. Enjambant au passage un nouveau pont d'acier (dont les prix se sont envolés, précise au passage le directeur français), cette sorte de tranchée couverte fera arriver la bouche du second tube quasiment au niveau de l'actuelle entrée italienne.
3 mois de retard en 2021 à cause du Covid
"Les travaux du faux tunnel devraient commencer en novembre prochain" précise Alain Chabert avant d'ajouter : "Pour le doter des équipements nécessaires, tels que l' éclairage (dont les composants électroniques sont devenus rares et chers), il faudra bien 2 mois. Ajoutez à cela un mois de tests : on devrait être prêt à passer en marche à blanc l'été prochain", c'est à dire, sans l'ouvrir au trafic.
Alors quand aura lieu la mise en service ? Aux alentours d'octobre, "à coup sûr" selon le directeur général de la SFTRF.
A moins qu'une nouvelle pandémie de Covid ne vienne encore ajouter son grain de sable aux pronostics des maîtres d'œuvre franco-italiens ? A l'automne 2021, personne n'a oublié que l'hécatombe causée par le virus dans les rangs des ouvriers avait entrainé 3 mois de retard sur les différents chantiers du nouvel ouvrage.
Les deux mille camions qui transitent chaque jour par le Fréjus devront donc continuer de se croiser dans le tunnel historique une année de plus. Un retard qui tombe bien mal, au moment où l'alter ego du Mont Blanc s'apprête à fermer lui aussi pour des années de travaux de maintenance sur sa voute.