Les candidats à la location sont bien mal lotis dans le département de l'Isère. Manque de transparence, frais d'agence exorbitants, exigence de documents interdits… les professionnels du secteur abusent, et un organisme de défense des consommateurs passe à l'action.
Deux ans après l’adoption de la Loi ALUR, dont l’objectif était notamment de simplifier l’accès à la location, l’UFC-Que Choisir de Grenoble et Voiron épingle, sur la base d’une enquête de terrain auprès de 22 agences immobilières du département, la persistance de pratiques abusives.Les années passent et rien ne bouge
Suite à son enquête accablante de 2011 soulignant la voracité tarifaire des agences immobilières vis-à-vis des candidats locataires (1 mois de loyer environ pour les frais) et le manque de transparence et d’informations (défaut d’affichage et de conseils), l’UFC-Que Choisir avait obtenu des avancées dans la Loi ALUR de mars 2014.- délimitation stricte des prestations facturables aux locataires,
- plafonnement des frais d’agences,
- réactualisation des pièces interdites pour la constitution du dossier,
- mise en place d’une grille de vétusté pour l’état des lieux, etc.)
Décidée à vérifier l’assainissement des pratiques en Isère, l’association a de nouveau mené l’enquête en novembre 2015. Loin d’un assainissement, force est de déplorer la persistance d'excès à tous les étages!
Récit Sophie Pellerin
Toujours aussi peu d'énergie s'agissant de l'affichage
Semblant toujours vouloir mettre la transparence aux oubliettes, pas moins de 13% des agences n’affichaient pas l’information sur le diagnostic de performance énergétique (DPE) alors même qu’en raison de la flambée des prix de l’énergie, cette information est particulièrement importante pour le locataire qui ne peut pas intervenir sur l’isolation du logement. De même, l’information détaillée sur les honoraires distinguant les frais d’agence de l’état de lieux qui peut être réalisé par un tiers, n’est respectée que dans seulement 40% des cas. Pire, 26% des agences n’affichent aucune information sur les honoraires alors que cette obligation légale date de 25 ans !
Plafond des frais d'agences: un résultat bien loin des objectifs initiaux
L’ambition du Législateur d’une division par deux des frais d’agence dus par le locataire reste lettre morte. Dans notre zone, si les plafonds réglementaires sont respectés dans 80 % des cas, dans les zones tendues, les frais d’agence n’ont baissé que de 20% entre 2011 et 2015, loin des 50% promis par le Législateur.
Et, selon l’organisme de défense des consommateurs, les tarifs élevés pour les locataires ne sauraient être justifiés par la qualité du conseil et des services proposés.
Conseils et services: des agences avant tout au service du bailleur
Le service au candidat locataire est fort limité. Dans 45% des cas, l’agence n’a pas donné d’informations détaillées sur le bien en location (photographies, etc.), celles-ci étant totalement absentes dans 18% des cas.
Par ailleurs, la quête excessive de garanties des agences au profit des bailleurs a la vie dure. Malgré le décret de novembre 2015 listant strictement les pièces exigibles, 62% des agences enquêtées n’ont pas hésité a demandé au moins un document interdit (RIB, carte grise).
Intervenante: Michèle Ragache, UFC-Que choisir - Isère
L’UFC-Que Choisir de Grenoble et Voiron durcit le ton
Au vu de cette enquête, l’UFC-Que Choisir passe à l’action et:- met en demeure, en lien avec la Fédération UFC-Que Choisir, 50 % des agences enquêtées pour lesquelles des illégalités ont été constatées de se conformer à la Loi ALUR. A défaut de réaction de la part des agences concernées, elle se réserve le d’agir en justice
- demande à l’administration d’intensifier les contrôles auprès des agences immobilières
- intervient auprès des parlementaires du département pour qu’ils interpellent le gouvernement en vue d’une baisse significative des plafonds réglementaires des honoraires, d’une amélioration de l’affichage des honoraires, notamment s’agissant de la possibilité de faire réaliser l’état des lieux par un tiers, et d’une publication sans délai des décrets d’application de la Loi ALUR encore en attente comme celui prévoyant une grille de vétusté devant permettre une objectivation de l’état des lieux.