Après le décès de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing le 2 décembre, la sphère politique auvergnate a rendu hommage à celui qui a fortement marqué la vie publique de la région. Le politologue Mathias Bernard analyse l’héritage laissé par VGE.
La rédaction de France 3 Auvergne a consacré une émission spéciale à l’ancien président de la République. Vous pouvez la revoir dans la vidéo ci-dessous.
Suite au décès de Valéry Giscard d’Estaing ce mercredi 2 décembre, la rédaction de France 3 Auvergne se mobilise pour évoquer la vie de l’ancien chef d’Etat.
Après le décès de l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing, les hommages se sont multipliés dans la sphère politique auvergnate. En effet, de par sa présidence mais aussi ses différents mandats en tant que maire, député et président de région, il a fortement marqué la vie politique en Auvergne. Selon le politologue Mathias Bernard, le président a d’abord laissé une droite fracturée : « Son retrait a laissé un vide politique à droite. Son échec en 1995, puis en 2004, c’est un choc, une fracture dont son entourage d’Auvergne ne s’est pas remis. »
Si la droite auvergnate s’est ensuite regroupée autour de Laurent Wauquiez, l’actuel président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, elle n’a, selon lui, jamais retrouvé son niveau d’antan. « Son entourage, René Giroud par exemple, s’est éloigné de la politique régionale. Finalement son principal héritier, c’est son fils Louis, qui a repris le flambeau de la mairie de Chamalières, pour même plus longtemps. Il a aussi pris la circonscription de Clermont-Montagne de 2002 à 2012. On peut parler d’héritage en termes de mandats mais aussi avec ce positionnement de centre-droit », explique Mathias Bernard.
La droite divisée
Son échec à la mairie de Clermont-Ferrand a été, selon Mathias Bernard, source de fortes divisions pour son camp politique : « C’est l’échec d’une conquête. A l’époque, c’était le challenger de Roger Quillot. Il a quand même fait le meilleur score de la droite à Clermont, ça s’est joué à quelques centaines de voix. Il y a eu un vrai regroupement de la droite autour de lui, ça a beaucoup mobilisé », affirme Mathias Bernard. Après cette déconvenue, Valéry Giscard d’Estaing ne souhaitant pas être le chef de l’opposition, il se retire et des divisions persisteront au sein de la droite pendant longtemps à Clermont-Ferrand, avec jusqu’à 3 listes de droite rivales lors de certaines élections municipales.Valéry Giscard d’Estaing prend la tête de la région Auvergne en 1986. On lui doit notamment l’autoroute A75, Vulcania ou encore le Zénith d’Auvergne. En 2004, il se représente pour un 4ème mandat, mais cette fois-ci, il ne remporte pas l’adhésion des Auvergnats. « C’est un échec sur un bilan. Ca a été plus douloureux. Il l’a vécu comme une sanction qu’il ne méritait pas, presque une marque d’ingratitude. Il a décidé de couper les ponts », raconte Mathias Bernard. Valéry Giscard d’Estaing vend alors son château de Chanonat, et ne fera plus que de rares apparitions publiques. « Ça a été dur pour lui, il y avait un réel attachement sentimental à cette région, un enracinement, des souvenirs heureux », ajoute le politologue.
L'Auvergne fidèle à VGE
Pourtant, l’Auvergne n’a jamais vraiment trahi Giscard : « Les Auvergnats lui ont donné une majorité face à Mitterrand, il a tout de même exercé la fonction de président de région sans grande opposition pendant 18 ans. A Clermont-Ferrand, il a fait le meilleur score que pouvait faire un candidat de droite », précise Mathias Bernard. Selon lui, ce dernier échec s’explique par l’usure du temps, son âge avancé lorsqu’il s’est représenté, mais aussi des réalisations pas en phase avec le quotidien des Auvergnats : « Il s’est axé sur de grands projets coûteux qui font maintenant partie de l’héritage mais qui étaient loin des préoccupations des gens, de leur vie de tous les jours. »Selon le politologue, si VGE était fortement attaché à sa région, il la percevait également comme une étape dans sa reconquête du pouvoir après l’échec de 1981. « Il n’a pas exclu d’être candidat jusqu’en 2002. Il aurait voulu être président à nouveau, il aurait même aimé être le premier président européen, mais c’est difficile quand on a échoué à se faire réélire. Il a vécu avec son échec », selon Mathias Bernard. Dans sa seconde ascension vers le pouvoir, il n’a jamais plus réussi à franchir le plafond de verre de l’Auvergne.