Après la catastrophe de Gènes en Italie, l’effondrement du pont Morandi en août dernier, le gouvernement français a rendu public une liste de 164 ouvrages à surveiller. Un seul se trouve en Auvergne : le viaduc de la Violette, sur l’A75, entre Haute-Loire et Cantal, au nord de Massiac.
Le viaduc de la Violette, qui mesure 564 mètres de long et 75 mètres de haut, a été mis en service en 1991, à l’ouverture de l’autoroute A 75 qui relie Clermont-Ferrand à Béziers. C’est à cause d’une fissure dans une pile de la culée sud, qu’il vient d’être classé dans les ouvrages nécessitant des travaux, la classe 3. Cette « fracture » dans le béton mesure un peu plus d’un mètre. Elle laisse entrevoir la ferraille qui compose l’armature.
« C’est impressionnant, ça a fait éclater le béton mais il n’y a pas de risque d’effondrement ! » assure Véronique Bicilli, responsable du bureau patrimoine et ouvrages d’art de la Direction interdépartementale des routes (DIR) du Massif Central. C’est une infiltration d’eau qui est la cause du problème. De l’eau chargée en sodium, à cause du sel utilisé l’hiver pour traiter l’autoroute contre le verglas.
Cette fissure a été constatée en juin dernier, lors d’une inspection de la DIR. « Le défaut était déjà là lors de l’inspection précédente en 2015, mais il s’est aggravé à cause du salage de l’A75 en hiver » précise la responsable. Avant l’hiver prochain, les agents du centre d’entretien et d’exploitation de la DIR à Massiac vont régler ce problème d’infiltration.
Ensuite, il sera fait appel à une entreprise externe pour faire un « réagréage » du béton dans les règles de l’art. Ces travaux n’auront aucune incidence sur la circulation. Il passe en moyenne 20 550 véhicules par jour sur le viaduc de la Violette, beaucoup plus en été (jusqu’à des pointes de 70 000), dont 23% de poids-lourds.
Assurer un entretien régulier
L’ouvrage constitué de poutres métalliques connectées à une dalle supportant un tablier béton armé de 30 centimètres d’épaisseur, fait partie de ce que la technicienne appelle les « ouvrages non courants ». À ce titre, il est contrôlé tous les trois ans, une fois sur deux il s’agit d’une inspection détaillée avec utilisation d’une passerelle pour vérifier les piles.
En 2015, lors de la dernière grande inspection, il avait été classé « 2E », nécessitant donc un entretien spécialisé, à cause des éclats de béton laissant apparaitre le fer de la structure (mais sans mise en cause de la stabilité de l’ouvrage). Mais depuis, aucun travaux n’avaient été lancés pour corriger cette anomalie.
D’où l’aggravation du problème et le classement, discutable selon la responsable à la DIR, en classe 3. Cette fois, la DIR promet donc de régler le problème rapidement, d’ici l’an prochain. Véronique Bacilli précise que la « durée de vie » d’un tel ouvrage, et des ponts en général, se situe entre 50 et 100 ans, plus près des 100 ans aujourd’hui… à condition toutefois de les surveiller de près et d’assurer leur entretien régulier.