À quelques jours du débarquement en Normandie, le 26 mai 1944, un déluge de bombes larguées par l'aviation américaine s'abattait sur les villes de notre région. Des bombardements de haute altitude qui ont fait des centaines de morts et de blessés civils. Un traumatisme encore présent dans les mémoires.
Il faisait très beau sur le quart sud-est de la France, en ce vendredi 26 mai 1944 au matin. Impossible d'imaginer qu'à plusieurs centaines de kilomètres de là, à l'aube, près de 900 avions américains de l'US Air Force décollaient de trois aérodromes de la région de Foggia, dans le sud de l'Italie. Des bombardiers, B24 et B17 (baptisés Forteresses Volantes), les flancs chargés de centaines de tonnes de bombes explosives, incendiaires et à retardement.
Des bombardements de jour et à haute altitude
Ce raid d'envergure s'inscrivait dans le cadre du Transportation Plan anglo-américain, un plan d'attaque des voies de communication, destiné à préparer le débarquement en Normandie. Il s'agissait de détruire les infrastructures de chemin de fer, notamment les gares de triage, pour empêcher l'armée allemande d'acheminer des troupes et du matériel vers l'ouest de la France. La méthode de bombardement choisie était américaine : bombarder de jour, en volant à haute altitude, pour éviter la défense anti-aérienne. Une méthode jugée "plus précise" (!) que les bombardements nocturnes.
En milieu de matinée, l'enfer commence pour la population. Chambéry, 10h44. Plus de 700 bombes sont lâchées sur la ville. La gare est détruite, mais près d'un tiers des immeubles du centre-ville est rasé, sur une surface d'une dizaine d'hectares. 200 civils sont tués, 300 blessés, 3000 personnes se retrouvent sans abri.
24 élèves et 8 instituteurs tués à l'école de Tardy
Saint-Etienne est frappée à son tour. Cinq vagues de bombardiers déferlent et lâchent 450 tonnes de bombes. Neuf bombes sur dix n'atteindront pas leurs cibles, mais feront d'énormes dégâts et des centaines de victimes civiles.
Si la gare de triage est atteinte, mais pas détruite, le quartier voisin du Soleil au nord de la gare est littéralement dévasté par les bombes, et des centaines de personnes sont tuées. Même chose dans le quartier de Tardy, où une école primaire est soufflée par les explosions : 24 enfants et 8 instituteurs périssent, ensevelis sous les décombres. Bilan du bombardement de Saint-Etienne : entre 900 et 1000 morts.
Un millier de morts à Lyon
Le bilan du bombardement de Lyon sera aussi lourd : environ 1000 personnes seront tuées. Principales cibles visées : la gare de Vaise et celle du quartier de la Mouche, toutes deux détruites tout comme l'École de Santé Militaire, siège de la Gestapo lyonnaise, située tout près des voies ferrées. Mais là aussi, la grande imprécision du bombardement fera d'énormes dégâts dans la ville, durablement traumatisée.
La région de Grenoble non plus ne sera pas épargnée, ce 26 mai 44. Les communes de Saint-Egrève et surtout Saint-Martin-le-Vinoux, où se trouve une gare de triage, seront très durement atteintes, 37 personnes perdront la vie.