VIDÉO. Des centaines de papyrus, une galerie des pharaons et Champollion pour premier visiteur : découvrez le plus ancien musée d'égyptologie du monde

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Turin abrite depuis 200 ans le premier musée d'égyptologie de l'histoire. Récit d'un fabuleux destin qui continue de faire de la ville italienne, l'une des capitales mondiales de l'Egypte des pharaons. ©France 3 alpes

Ce n'est pas au Caire... ni même à Paris, mais bien à Turin que se trouve la plus ancienne collection d'égyptologie du monde. Commencée il y a 200 ans, au crépuscule de l'ère napoléonienne, elle s'est enrichie depuis de milliers de précieux papyrus, momies et sarcophages souvent uniques au monde.

"Les fibres de ces deux morceaux de papyrus sont identiques... Elles proviennent donc bel et bien du même document ! "

Penchées sur leur table lumineuse, Susane et Francesca ont une nouvelle fois, réussi un tour de force. Leur exploit : identifier le fragment jumeau d'un morceau de papyrus de 3 centimètres sur 4, perdu depuis 3000 ans dans une forêt de quelque 17 000 fragments rapportés du désert égyptien.

Une collection d'écrits unique au monde

"Dans les salles du musée, nous avons une petite soixantaine de papyrus exposés. Ce qui ne représente qu'environ 2% de notre collection totale", explique Susane Toepfer, la conservatrice et responsable du laboratoire de restauration de papyrus.

Un pourcentage qui donne la mesure des richesses accumulées au cours des âges par le musée turinois, en matière de témoignages écrits sur la civilisation égyptienne d'il y a 3 000 à 4 000 ans. 

Et pas seulement. Lors de sa fondation, en 1824, l'Egizio di Torino, comme on l'appelle chez nos voisins, avait déjà dans sa dot de mariage avec la capitale du Piémont, nombre des papyrus géants (dont le fameux "Livre des Morts" de 19 mètres de long) qui font toujours l'admiration de ses visiteurs mais également la première collection de ce qui allait devenir : la science de l'égyptologie.

Une collection d'origine de 8000 pièces

L'un de ses pères fondateurs, un certain Jean-François Champollion, n'a pas attendu longtemps après la fondation du musée turinois, pour lui rendre visite. 

"Seulement deux ans après que Champollion a déchiffré les hiéroglyphes, c'est ici, à Turin, que naît la première collection monographique au monde dédiée à la civilisation antique du Nil ", explique Christian Greco, le directeur du musée d'égyptologie de Turin. "Pour lui, c'est une nouvelle 'pierre de rosette'… Quand il arrive ici en mai 1824, il a, en effet, la chance d'être l'un des tout premiers à étudier une collection de 8 000 pièces, dont notre ensemble de statues monumentales. Et pour la première fois, il peut tester la justesse de ses découvertes sur nos papyrus, sur l'ensemble de nos écrits venus de l'Egypte antique". 

"Questo è un cosa stupenda (C'est une chose magnifique, NDLR)", ose d'ailleurs, en italien, le scientifique français (dont il existe un musée, dans son ex-maison de famille à Vif, près de Grenoble) dans son abondante correspondance rédigée pendant son séjour de 1824. "Je n'avais encore rien vu de si beau", poursuit-il dans la même lignée de superlatif, en découvrant les statues d'Amon-Ra et Ramsès II, deux des pharaons emblématiques de la "galerie des rois".

Des chefs-d’œuvre de l'Egypte ancienne qui font partie de ce que l'on appelle la "collection Drovetti", du nom du consul de France en Egypte. Un Français, piémontais d'origine, autorisé par le général Bonaparte, à organiser des chantiers de fouilles où bon lui semble durant la campagne d'Egypte. Le résultat est un véritable "trésor de guerre" : une collection de 8000 pièces, vendue au roi de Piémont-Sardaigne. 

Un musée toujours à la pointe, fort de ses 200 ans

Acheminée, après une véritable odyssée pour remonter le Nil et à travers la mer Méditerrannée ; après une escale à Livourne, puis Gênes, avant de franchir la chaîne des Appennins sur des chars à canons, la collection allait finalement arriver à Turin.

Seule "victime" apparente du voyage, rapportent les chroniqueurs de l'époque : le grand pharaon Ramsès II, dont le socle de la statue s'est brisé en chutant à son arrivée dans le musée italien.

200 ans plus tard, elle trône toujours au sein de la prestigieuse "galerie des rois" située au rez-de-chaussée du musée. Un musée de quatre étages désormais, et qui se visite tout au long d'un parcours de 2,5 kilomètres !

"Depuis les fouilles entreprises 70 ans après la naissance du musée par la 'mission archéologique italienne en Egypte', l'arrivée de nouvelles pièces n'a jamais cessé," explique encore Christian Greco. "Quelques-uns de nos plus beaux sarcophages, comme la tombe de Kha et Merit, viennent de là, par exemple."

"Et puis, en 2015, nous avons repris des chantiers de fouilles. À Saqqara, avec des confrères hollandais, dans une nécropole du 'nouvel empire'. Nous y avons trouvé les tombes du général devenu pharaon, Horemeb, par exemple.  Enfin, depuis 2020, avec l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO), nous avons réinstallé un chantier de fouilles à Deir el Medineh".

Avec de nouvelles découvertes en perspective, et le cap du million de visiteurs franchi en 2023 : en cette année 2024 marquant son bicentenaire, le musée égyptien de Turin est donc plus vivant que jamais. 

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