Ils sont une dizaine de jeunes âgés de 15 à 21 ans à user leurs shorts de traileur sur les bancs d'un centre de formation installé pour l'été, à Brides-les-Bains (Savoie). Sélectionnés dans toute la France, ils espèrent rejoindre l'élite du "trail" sur l'UTMB (Ultra Trail du Mont-Blanc) ou sur les autres grandes courses à travers le monde.
Tee-shirt floqué "Run with Nature" (courir avec la Nature) sur les épaules, ce matin-là, le formateur a choisi de réunir toutes ces graines de champions de trail, en salle de classe, pour une session consacrée à l'alimentation. Fructose, glucose et leurs différentes propriétés : le carburant du sportif de haut niveau reste l'un des points cardinaux de la performance.
"L'intérêt, c'est de compenser nos pertes d'énergie sur les courses, pour optimiser nos performances ensuite... On cherche à éviter d'abord le coup de mou !", récite, après son cours, l'un des élèves.
Un maître-mot : OP-TI-MI-SER !
Objectif : éviter la fameuse "fringale", tant redoutée par tous les adeptes de sports d'endurance. Découvrir aussi, tous les secrets de la victoire, dans ces courses aux dénivelés dantesques que sont devenus les grands "trails". Des courses pour titans de l'effort, qui ont essaimé de par le monde : de l'UTMB de Chamonix au Tor des géants de la vallée d'Aoste italienne en passant par le Jungle Marathon brésilien ou le Yukon Arctic Ultra canadien...
"Ce sont des jeunes que nous avons sélectionnés pour leurs performances dans toute la France", explique Sébastien Jouanneau, manager de l'académie "Brooks Trail Project". "Et l'objectif, c'est de faire le maximum pour qu'ils atteignent le plus haut niveau de leur discipline, et qu'ils puissent en vivre".
Et pour atteindre ce but ultime : il faut "op-ti-mi-ser", comme on dit en salle de classe, tous les paramètres de la préparation physique et mentale.
Deux champions du monde
Cette session estivale de formation savoyarde (l'académie en dispense quatre au total dans l'année, partout en France), compte ainsi pas moins de deux champions du monde de trail : l'un en catégorie cadet, l'autre en catégorie junior par équipes. Ce qui malgré tout, ne suffit pas à leur assurer à 100% un destin de champion chez les seniors.
"Il faut avoir des capacités physiques hors normes pour y arriver", explique encore le manager. "Mais il faut aussi avoir beaucoup de mental, et surtout, une volonté hors du commun : Et cela n'est pas donné à tout le monde".
Une volonté de se dépasser que l'on teste aussi sur le terrain... et en montée, de préférence. Quatre sont ainsi au programme de cet après-midi-là, pour les 10 "apprentis" traileurs.
"Ils vont me faire chaque montée à une allure différente", explique Simon Fischer leur entraîneur. "Tous sont équipés d'une ceinture cardio. Ce qui va me permettre de repérer comment chacun d'entre eux passe les difficultés du parcours et, à terme, d'individualiser l'entraînement qu'ils devront suivre au plus près de leurs capacité."
Souffrir... pour mieux voler
Une collecte de données sur chaque athlète, qui vient s'ajouter à celles glanées tout au long de l'année.
"Il y a beaucoup de monde qui gravite autour de chaque jeune," poursuit l'entraîneur. "On les suit toute l'année. En intégrant leurs familles et leurs entraîneurs à leur projet sportif. Et puis, autour d'eux, ils bénéficient des professionnels de l'académie : des nutritionnistes, des médecins, des psychologues avec qui ils peuvent parler de leurs soucis à l'école ou dans leur vie sociale. On peut même leur fournir des conseils sur leur préparation mentale".
Pour cette graine de champions, c'est donc presque un staff de star du trail qui leur est offert. De quoi aiguiser encore davantage les appétits de sommets déjà bien aiguisés.
"L'objectif de ma saison, c'est la course de Sierre Zinal, (la course dite des "cinq 4000 mètres d'altitude", NDLR) en Suisse", explique, en sueur, au terme de sa énième montée, Philippine, 18 ans. "Mais mon plus grand rêve, c'est de faire partie de l'équipe de France".
"Faut pas se cramer", tempère de son côté Matteo, son compagnon d'endurance. "Moi, je me laisse quand même plusieurs années pour augmenter progressivement la distance des courses auxquelles je participe... Il faut garder du plaisir quand même... Quand on arrive à jouer avec le terrain, c'est vraiment incroyable ! Même si c'est dur, il y a des fois où on peut se sentir voler".