VIDÉO. "Le téléphone portable nuirait à la qualité du sperme", selon une vaste étude menée en Suisse

Les hommes utilisant leur téléphone portable de façon intensive produisent moins de spermatozoïdes que les autres, selon un groupe de chercheurs de l'université de Genève. Leur étude s'appuie sur un échantillon de près de 3000 Suisses, âgés de 18 à 22 ans.

Les effets secondaires des ondes électromagnétiques de nos portables sur le sommeil sont bien connus. Leur répercussion sur la production de sperme beaucoup moins. Et pourtant. Dans une étude parue fin octobre, plusieurs chercheurs de l’université de Genève (UNIGE), en collaboration avec l’Institut tropical et de santé publique suisse, montrent qu’une utilisation intensive du téléphone mobile provoque une baisse de concentration des spermatozoïdes.

Entre 2005 et 2018, près de 3000 Suisses ont donné leur semence dans des centres de conscription militaire. Âgés de 18 à 22 ans, les participants ont répondu à un questionnaire détaillé concernant leur état de santé général, leurs habitudes de vie, la fréquence à laquelle ils utilisent leur téléphone mais aussi l’endroit où ils le placent lorsqu’ils ne l’utilisent pas.

21% de spermatozoïdes en moins

“Les points forts de cette étude, c’est que les participants sont des hommes issus de la population générale, il n'y a donc pas de biais de sélection", explique Serge Nef, professeur à la faculté de médecine de Genève et coauteur de l'étude. Contrairement à de précédentes recherches sur le lien entre l'utilisation d'un téléphone mobile et la santé reproductive masculine dont les participants avaient été recrutés dans des cliniques de fertilité.

Autre point fort des travaux de Serge Nef et son équipe, ils s'appuient sur un grand nombre de sujets, 3000 personnes, et "des questionnaires étendus qui permettent de corriger pour facteurs confondants. Ça nous permet d'avoir une bonne association entre l’utilisation du téléphone portable et la qualité du sperme”, poursuit le chercheur. Résultats : les participants utilisant plus de 20 fois par jour leur téléphone produisent 21% de spermatozoïdes en moins que ceux qui ne dégainent leur mobile qu’une fois par semaine.

Bonne nouvelle toutefois : la 4G actuelle serait nettement moins nocive que les technologies anciennes, notamment grâce à sa puissance d'émission, bien plus faible que celle de la 2G ou de la 3G. “Nous avons observé que l’effet de l’exposition au téléphone portable durant les périodes précoces, de 2005 à 2007, qui correspondaient à la 2G ou la 3G, l’impact est beaucoup plus fort qu’avec la 3G après 2007", poursuit Serge Nef.

Un cocktail de facteurs

Dans les couloirs de l’université de Genève, les étudiants sont plus ou moins conscients des risques auxquels ils s'exposent. “C’est quelque chose dont ma mère m’avait parlé en disant que ça pouvait avoir un impact sur la production de spermatozoïdes et leur qualité, confie Arthur. À l’époque j’essayais de mettre mon téléphone dans mon sac à dos, maintenant un peu moins, je l’avoue.” Malgré les mises en garde, certains ne cachent pas une forme d’addiction à leur smartphone. “Toujours poche droite ! Poche droite, toujours la même c’est l’habitude”, sourit Théo.

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Selon un groupe de chercheurs de l'université de Genève, les hommes utilisant leur téléphone portable vingt fois par jour produisent 21% de spermatozoïdes de moins que les autres. L'enquête s'appuie sur un échantillon de près de 3000 Suisses, âgés de 18 à 22 ans. ©France 3 Alpes

L'université de Genève a déjà débuté une nouvelle étude encore plus poussée, grâce à une application. Le but : quantifier les risques des ondes électromagnétiques sur la santé reproductive masculine avec plus de précisions. Notamment en s'appuyant sur les types d'utilisation des téléphones (appels, navigation web, envois de messages). L'équipe de Serge Nef prévoit d'enregistrer ces données grâce à une application que les participants pourront télécharger sur leur smartphone.

Ces cinquante dernières années, la qualité du sperme a largement diminué dans les pays industrialisés. Selon plusieurs études, le nombre de spermatozoïdes aurait chuté d’une moyenne de 99 millions par millilitre à 47 millions par millilitre. Mais les ondes électromagnétiques ne sont pas les seules responsables : exposition de plus en plus fréquente aux pesticides, radiations et perturbateurs endocriniens, mauvaise alimentation, excès d’alcool, de tabac ou de stress sont autant de facteurs à risque.

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