Deux avocats généraux ont été mobilisés pour ce procès hors norme qui concerne 12 accusés. Ce lundi 8 décembre, l'un d'eux a été chargé de donner les réquisitions: de 10 à 20 ans de réclusion. Des avocats s'étonnent de la distribution des peines comme Me Szpiner, avocat des parties civiles.
Le procès étant à huis clos, c'est à partir de le description des avocats que les journalistes travaillent. L'avocat général a d'abord requis 25 ans de réclusion à l'encontre d'Ilyes Tafer, 21 ans, accusé d'avoir porté des coups de couteau, avant d'être interrompu par le président de la cour d'assises qui lui a fait remarquer que c'était une "peine impossible". C'était soit 30, soit 20 ans. Se ravisant, l'avocat général a finalement requis 20 ans de réclusion à l'encontre d'Ilyes Tafer, condamné en 2012 pour avoir poignardé le vigile d'un supermarché et qui venait de sortir de prison lors de la rixe d'Echirolles.
Il a ensuite requis la même peine à l'encontre de Constant Mukala Wetu, 23 ans, lui aussi accusé d'avoir porté des coups de couteau mais qui comparaissait libre et n'avait pas d'antécédents judiciaires.
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"A un moment donné, la répression doit être lisible. Or, je n'ai pas le sentiment qu'elle le soit", a critiqué Me Francis Szpiner, avocat des familles des victimes, en dénonçant "l'incohérence du ministère public". S'il a salué la bonne connaissance du dossier par les avocats généraux, Me Szpiner a en effet estimé que le réquisitoire était "incompréhensible sur les peines".
Réaction en vidéo
Le ténor du barreau de Paris a ainsi trouvé "hallucinant" que le ministère public réclame 10 ans de prison à l'encontre de Bérat Karaborklu, 22 ans, accusé d'avoir tenté de donner un coup de poing. Soit autant que contre Mohamed Elhadj, 23 ans, "celui par qui tout arrive". Dans sa plaidoirie, Me Szpiner avait d'ailleurs estimé que M. Karaborklu devait être acquitté au bénéfice du doute, n'étant confondu que par "la parole d'un coaccusé qui était revenu sur ses déclarations".
Me Levy-Soussan, avocat de deux des 12 accusés, s'étonne aussi d'une échelle des peines prenant trop peu en compte les responsabilités et le parcours de chacun.
La "co-action"
Pour le reste, le ministère public a retenu le principe de la "co-action", comme lors de l'instruction, estimant que tous devaient être condamnés pour meurtre, chacun des accusés ayant contribué à la mort des victimes en les affaiblissant par des coups, ou simplement en empêchant Kevin et Sofiane de fuir ou de recevoir de l'aide.Ce principe est critiqué par les avocats de la défense, qui y voient une forme de "responsabilité collective" et estiment que seuls les auteurs des coups de couteau mortels devraient être condamnés pour meurtre.