"Du RMI à l'Assemblée nationale": le député PS de l'Essonne Michel Pouzol, présent jeudi en cette journée mondiale du refus de la misère dans les médias et à un colloque à l'Assemblée, raconte dans un livre son étonnant parcours.
Michel Pouzol, 51 ans, né à Clermont-Ferrand dans une famille d'ouvriers chez Michelin, a tâté à divers métiers, avant de se lancer dans le cinéma. Réalisateur de deux court-métrages, "Barbès la nuit" (1996) et "Le fils du pêcheur" (1997), qui rencontrent un certain succès, il se lance alors dans la préparation d'un nouveau film. Mais les fonds tardent à venir, et "les découverts se creusent à une vitesse vertigineuse".
Un matin, écrit-il dans son livre ("Député pour que ça change", aux Editions du Cherche midi), "j'introduis la carte bleue dans le distributeur. Je ne sais pas que je viens de lui faire mes adieux (...) Quand la carte bleue disparaît, les choses s'accélèrent. Les prélèvements ne sont plus honorés. Loyer, électricité, chauffage. Les chèques sont rejetés, les frais bancaires se mettent à pleuvoir".
Le fils de sa femme a hérité d'un petit cabanon à Brétigny-sur-Orge (Essonne), doté d'une douche et de toilettes de fortune, et c'est là qu'il s'installe, en 2002, avec sa compagne et deux de ses enfants. Un bébé naît quelques mois plus tard. Après plusieurs mois de démarches, Michel Pouzol obtient le RMI. Un matin de février, le seul petit radiateur électrique du cabanon rend l'âme. Les enfants "me supplient de ne pas les forcer à se lever, tellement il fait froid. Une boule immense dans la gorge et le ventre, je les force à le faire, je les habille chaudement en pensant qu'au moins, une fois à l'école, ils seront bien au chaud".
Après un an de cette galère, l'association Solidarités Nouvelles pour le Logement (SNL), qui achète des logements pour les louer à des prix modérés, lui trouve une vraie maison. Michel Pouzol remonte la pente et trouve, chez Sony, un emploi commercial à temps partiel. Son dossier de surendettement est accepté par la Banque de France, il remonte peu à peu la pente.
A gauche depuis toujours, Michel Pouzol adhère en 2007 au PS, dans une section où milite le futur ministre Benoît Hamon. Celui-ci, séduit par le personnage, pousse sa candidature aux élections cantonales. En 2008, Michel Pouzol est élu conseiller général. Aux élections législatives de juin 2012, il bat la députée sortante UMP Geneviève Colot, et entre au Palais Bourbon, où il vote contre le traité budgétaire européen. "Non, nous ne sommes pas tous des Cahuzac!" s'écrie-t-il en avril dernier sur son blog, quelques jours après la démission et les aveux du ministre du Budget.