Beaucoup ont d'abord cru à une mauvaise blague. Le personnel soignant du CHU de Grenoble a reçu de la part de la direction des patrons pour fabriquer ses propres masques. Une requête qui a fait bondir certains soignants.
Beaucoup de soignants ont cru dans un premier temps à une fake news. Vendredi 13 mars, la direction du CHU de Grenoble a invité son personnel soignant qui ne prend pas en charge les patients atteints de Covid-19 à fabriquer ses propres masques en lui fournissant les patrons. Et ce, en vue d'une éventuelle pénurie.
Cette situation n'est pas sans provoquer l'indignation de certains soignants qui se disent déjà débordés en raison de la crise sanitaire actuelle. "Quand ma supérieure m'a dit ça, j'ai répondu : 'C'est une blague ?!'", raconte une infirmière, qui a souhaité garder l'anonymat. Pour rappel, l'Isère comptait dimanche 15 mars, 34 cas de coronavirus et les chiffres sont appelés à se multiplier dans les jours à venir. Déjà vendredi, les soignants de l'hôpital de Voiron - qui a récemment fusionné avec le CHU de Grenoble - étaient appelés à garder le même masque toute la journée. Pourtant, il est normalement préconisé de le changer toutes les deux à trois heures. En effet, l'humidité lui fait perdre en partie voir totalement son efficacité.
Une éventuelle pénurie
"Le lavage des masques est à notre charge, assure l'infirmière. En plus, on n'est même pas sûrs de l'efficacité."Du côté des syndicats, la réaction est la même. De telle sorte qu'elle ferait presque rire... jaune. "C'est à la fois drôle et pas drôle", lâche Sébastien Poloni, du syndicat UNSA. "L'hôpital fait des réunions de crise pour parler des problèmes mais on n'est pas toujours conviés, se désole-t-il.
Pour l'heure, le CHU certifie qu'il n'y a pas de pénurie de masque, qu'il s'agisse des masques FFP2 ou des masques chirurgicaux, et que ces messages ont été envoyés en vue "d'une éventuelle pénurie".
Les soignants volontaires s'organisent
Après l'annonce, certains soignants volontaires se sont activés pour confectionner lesdits masques. "C'est assez choquant", estime une infirmière puéricultrice qui s'inquiète notamment de l'efficacité de ces masques faits à la main, mais on essaie de fait preuve de solidarité."Sa propre mère étant une habituée de la couture, elle a pu dégoter chez elle des chutes de tissu et du tissu micro-polaire pour commencer à en fabriquer. "C'est assez rapide à faire assure-t-elle". Elle en est déjà à une dizaine de masques et en profite pour en fabriquer pour ses collègues qui n'ont pas le temps ou ne savent pas coudre.